• 11 Mar 2025
  • International
  • Communiqué de presse

Monde. Les États membres de l’ONU réaffirment leur engagement en faveur de l’égalité entre hommes et femmes dans un contexte de recul des droits humains

L’adoption d’une Déclaration politique sur l’égalité entre les femmes et les hommes aux Nations unies le 10 mars 2025, malgré l’opposition acharnée d’une poignée d’États, est une victoire pour les droits humains. Les gouvernements doivent maintenant passer des paroles aux actes et veiller à ce que ces engagements se traduisent par des changements réels pour les femmes et les jeunes filles dont les droits sont violés et bafoués à travers le monde, a déclaré Amnistie internationale à l’occasion de l’ouverture de la 69e session de la Commission de la condition de la femme des Nations unies.

Cette Déclaration politique, adoptée après plus d’un mois de négociations, se fonde sur la vision et les promesses énoncées il y a 30 ans dans la Déclaration et le Programme d’action de Beijing, le projet le plus complet des Nations unies en matière d’égalité des sexes et de droits des femmes et des jeunes filles. Au cours des négociations, certains États, dont les États-Unis et l’Argentine, ont tenté de remettre en question les termes les plus fondamentaux et les plus admis concernant le genre et l’égalité de genre. Toutefois, ces tentatives ont été déjouées et le texte final contient des références fortes aux droits de toutes les femmes et de toutes les filles, ainsi qu’aux formes multiples et croisées de discrimination auxquelles elles peuvent se heurter. 

Le texte de 2025 innove en faisant explicitement référence aux victimes de violences sexuelles et fondées sur le genre dans les conflits et à la nécessité de leur garantir l’accès aux services de santé et à la justice. Il appelle également à prendre en compte « la dimension de genre » (c’est-à-dire à remédier aux structures et obstacles systémiques à l’égalité entre hommes et femmes) dans plusieurs nouveaux domaines, notamment dans la budgétisation dans tous les secteurs ainsi que dans les systèmes de protection sociale. En outre, il engage les gouvernements à promouvoir l’accès au financement pour la société civile.

« S’entendre sur une Déclaration politique et un engagement renouvelé des États s’agissant de défendre les droits de toutes les femmes et les filles dans le climat hostile actuel est une issue positive. C’est un hommage au travail courageux des femmes défenseures des droits humains qui, partout dans le monde, demandent à leurs gouvernements d’honorer leurs engagements. Cependant, les efforts concertés et coordonnés visant à freiner, voire à faire régresser, les avancées sont très préoccupantes », a déclaré Fernanda Doz Costa, directrice du programme Genre, justice raciale et personnes réfugiées et migrantes à Amnistie internationale.

Ce texte est adopté alors que les droits en matière de sexualité et de procréation sont de plus en plus menacés, notamment par les efforts accrus de groupes conservateurs visant à réduire l’accès à la contraception, à l’avortement, à une éducation complète à la sexualité et à des soins relatifs à l’affirmation de genre dans le monde entier. En outre, un nombre croissant de femmes et de jeunes filles vivent dans des situations de crise, de conflit et d’après-conflit et sont en butte à de nombreuses violations des droits humains – refus de soins de santé essentiels, violences sexuelles, traite d’êtres humains, voire homicides. La vie et les droits fondamentaux des femmes et des filles dans le monde sont également menacés par les effets dévastateurs de la crise des réfugié·e·s et du changement climatique. L’arrêt brutal du financement de l’USAID n’a fait qu’aggraver cette situation et a déjà des répercussions terribles sur des millions de personnes à travers le monde.

« Les femmes et les filles, dans toute leur diversité, sont parfois confrontées à des écueils énormes pour accéder à leurs droits, ainsi qu’à la justice et aux réparations, ce qui envoie un dangereux message : les violations sont autorisées et les droits humains sont simplement optionnels, a déclaré Fernanda Doz Costa.

« Il est temps que les gouvernements mettent en pratique leurs engagements et travaillent main dans la main avec la société civile pour appliquer pleinement les lois déjà en vigueur, aligner les lois nationales sur les normes internationales et œuvrer au démantèlement des systèmes de patriarcat, de colonialisme et d’autres oppressions conjuguées qui permettent et entretiennent ces violations. »

Amnistie internationale note une recrudescence de la surveillance et des récits préjudiciables aux droits fondamentaux qui ont une incidence sur le travail et la sécurité des femmes défenseures des droits humains. Alors qu’il est urgent de défendre les droits de toutes les femmes, filles et personnes LGBTI, elle appelle les États à reconnaître leur travail essentiel et à mettre en œuvre des mesures concrètes visant à les protéger et à leur donner les moyens d’agir. Au lieu de les prendre pour cibles, de les bâillonner ou de fermer les yeux sur la vague croissante d’attaques dont elles sont victimes, tous les gouvernements doivent soutenir leur travail et protéger leurs droits.

« L’Arabie saoudite, qui préside cette année la Commission de la condition de la femme, doit donner un exemple positif aux autres États, et protéger et promouvoir le travail des défenseures des droits au lieu de les réduire au silence. Manahel al Otaibi, défenseure et influenceuse fitness qui purge une peine de 11 ans de prison pour avoir tweeté sur les droits des femmes, doit être libérée immédiatement », a déclaré Fernanda Doz Costa.

Amnistie internationale appelle les États à renforcer la protection des droits fondamentaux des femmes, des jeunes filles et des personnes de genre variant, en veillant à ce qu’elles puissent réclamer justice, accéder sans restriction aux services de santé, y compris à des services complets de santé sexuelle et reproductive, et bénéficier de tout le soutien dont elles ont besoin. Les États doivent répondre tout particulièrement aux besoins des femmes, des filles et des personnes LGBTI prises au piège dans des situations de crise et des conflits armés. Enfin, ils doivent se mobiliser et combler les lacunes qu’engendre l’arrêt brutal du financement par les États-Unis de programmes humanitaires et d’aide essentiels ayant des répercussions sur les femmes, les filles et les personnes LGBTI dans le monde entier.

Complément d’information

La 69e session de la Commission de la condition de la femme des Nations unies marquait le 30e anniversaire de la Quatrième conférence mondiale sur les femmes et de l’adoption de la Déclaration et Programme d’action de Beijing (1995). Il y a 30 ans, 189 gouvernements se réunissaient en vue d’adopter la Déclaration et le Programme d’action de Beijing, un projet novateur visant à renforcer les droits des femmes qui fut validé par des milliers de militant·e·s.

Tous les cinq ans depuis l’adoption de la Déclaration et Programme d’action de Beijing, les États membres négocient et adoptent une Déclaration politique afin d’attester du renouvellement de leur engagement en faveur de l’accord mondial.