Madagascar. Les autorités doivent revenir sur la légalisation de la castration chimique et chirurgicale des violeurs
En réaction aux propositions de modifications du Code pénal malgache, qui prévoit désormais la castration chimique et chirurgicale comme sanction en cas de viol sur mineur·e·s, Tigere Chagutah, directeur régional pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe à Amnistie internationale, a déclaré :
« À Madagascar, les cas de viol ne sont pas suffisamment dénoncés et les auteurs repartent bien souvent libres, parce que les victimes et leurs familles ont peur des représailles et de la stigmatisation, et ne font pas confiance au système judiciaire.
« Procéder à la castration chimique ou chirurgicale, ce qui constitue un traitement cruel, inhumain et dégradant, à titre de châtiment contre les personnes reconnues coupables de viols sur mineurs n’est pas compatible avec les dispositions constitutionnelles malgaches contre la torture et les mauvais traitements, pas plus qu’avec les normes régionales et internationales relatives aux droits humains.
« Les autorités malgaches doivent au contraire privilégier une approche centrée sur les victimes, qui leur donne des moyens d’action et leur permette de parler en toute sécurité, sans craindre d’être stigmatisées ni de subir des représailles, qui amène réellement les responsables à rendre des comptes et qui introduise les réformes nécessaires au niveau du système pénal pour que les victimes puissent avoir accès à la justice et à des recours en temps voulu. Enfin, cette approche doit renforcer les initiatives de prévention afin de s’attaquer aux causes profondes de ce fléau et de les éliminer. »
Complément d’information
Le 24 janvier 2024, le projet de loi visant à introduire dans le Code pénal malgache la castration chimique et chirurgicale, à titre de sanction pour les criminels reconnus coupables de viol sur mineur·e·s, a été déposé devant l’Assemblée nationale malgache pour adoption. L’Assemblée nationale l’a adopté le 2 février et le Sénat le 7 février. Ce projet de loi doit désormais passer devant la Haute Cour constitutionnelle, avant que le président Andry Rajoelina ne promulgue les nouvelles modifications.
Amnistie internationale demande aux autorités malgaches d’aligner ces modifications sur les normes relatives aux droits humains, tout en accordant la priorité au bien-être, aux droits et aux besoins des victimes.