Italie. La ratification par le Parlement d’un accord avec l’Albanie prévoyant la détention automatique est « une honte »
En réaction à la décision du Sénat italien de ratifier un accord sur la détention des personnes secourues en mer par des navires italiens dans deux centres de détention en Albanie, Matteo de Bellis, chercheur sur les questions migratoires et d’asile à Amnistie internationale, a déclaré :
« Le Parlement italien vient de donner le feu vert à un accord misant sur la détention arbitraire, qui porterait préjudice à des milliers de personnes qui seront emmenées en Albanie et automatiquement placées en rétention après avoir été secourues en mer.
« Les personnes débarquées en Albanie et conduites dans les centres sur place, notamment les réfugiés et les demandeurs d'asile, seraient automatiquement placées en détention, sans pouvoir sortir de ces centres pendant une période maximale de 18 mois. Aux termes du droit international, la détention automatique est par nature arbitraire et, par conséquent, illégale.
« En vertu de cet accord, les passagers seront obligés de prolonger leur périple pendant des jours, sur les bateaux, durant leur transfert vers l’Albanie. Cette distorsion dangereuse des règles de la recherche et du sauvetage risque de mettre des vies en péril, et toucherait des personnes en situation déjà vulnérable du fait des circonstances de leur déplacement, ouvrant ainsi un chapitre peu glorieux pour l'Italie.
« Il est temps que les institutions européennes reconnaissent que l’accord entre l’Italie et l’Albanie engendrera un système illégal et néfaste, qu’il importe de stopper. Au lieu d’accroître les souffrances, les autorités doivent garantir l’accès à une procédure d'asile efficace, un accueil adapté et des itinéraires sûrs et légaux. »
Complément d’information
Le 6 novembre 2023, le gouvernement italien a signé un accord avec l’Albanie sur la construction de deux centres de détention, en Albanie, qui permettront de détenir de manière arbitraire les personnes secourues ou interceptées en mer par les navires de la marine italienne.
Cet accord cherche à légaliser la détention automatique des personnes demandant l’asile ou devant être rapatriées de force, l’objectif déclaré étant de dissuader les gens d’entreprendre des traversées maritimes.
Le 24 janvier, la Chambre des députés italiens a approuvé la ratification de l’accord, qui a alors été transmis au Sénat. Le 29 janvier, la Cour constitutionnelle d'Albanie a donné le feu vert au Parlement albanais pour qu’il ratifie l’accord.
Amnistie internationale a précédemment publié, en anglais et en italien, une analyse détaillée sur les répercussions en termes de droits humains de cet accord.