Le rapport de la rapporteuse spéciale de l’ONU sur Gaza apporte des éléments cruciaux : la communauté internationale doit agir afin d’éviter un génocide
Amnistie internationale salue le nouveau rapport de la rapporteuse spéciale de l’ONU sur la situation des droits humains dans le territoire palestinien occupé depuis 1967, qui conclut qu’il existe « des motifs raisonnables de croire que le seuil indiquant que des actes de génocide » ont été commis par Israël a été atteint. Alors que le Conseil des droits de l’homme de l’ONU se réunit le 26 mars 2024 pour discuter des conclusions de ce rapport, la secrétaire générale d’Amnistie internationale Agnès Callamard a déclaré :
« Il s’agit d’un travail essentiel qui doit servir d’appel à l’action pour les États. Ils doivent respecter les obligations qui leur incombent en vertu de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide et prendre des mesures concrètes afin de protéger les Palestinien·ne·s de Gaza sans plus attendre.
« Il est grand temps d’agir pour prévenir le génocide. Les États tiers doivent exercer une pression politique sur les belligérants en vue de l’application de la résolution adoptée hier par le Conseil de sécurité de l’ONU, qui appelle à un cessez-le-feu immédiat, et user de leur influence pour amener Israël à respecte cette résolution, notamment en mettant fin aux bombardements et en levant les restrictions imposées à l’acheminement de l’aide humanitaire. Ils doivent instaurer un embargo total sur les armes à destination de toutes les parties au conflit. Enfin, ils doivent faire pression sur le Hamas et les autres groupes armés afin qu’ils libèrent tous les otages civils.
« Ce rapport est publié deux mois après l’arrêt de la Cour internationale de justice (CIJ) mettant en garde contre un risque plausible de génocide. Dans l’intervalle, la situation à Gaza s’est considérablement dégradée, des milliers de Palestinien·ne·s ont été tués et Israël continue de refuser de se conformer à l’arrêt de la CIJ visant à garantir la livraison d’une aide humanitaire suffisante, alors que la famine provoquée devient chaque jour un peu plus probable et qu’un nombre croissant de personnes meurent de faim.
« Nous nous faisons l’écho des appels lancés dans ce rapport en vue d’assurer le financement de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et de ses activités sur l’ensemble du territoire de Gaza, y compris dans le nord de Gaza où les autorités israéliennes refusent de laisser entrer les camions de l’UNRWA.
« Contribuer à prévenir le génocide suppose également de soutenir les initiatives d’obligation de rendre des comptes, notamment l’enquête en cours menée par le bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI), et d’exercer la compétence universelle afin de traduire en justice les responsables présumés de crimes relevant du droit international. Tous les États, et en particulier les alliés d’Israël, doivent faire pression sur ce dernier pour qu’il permette à la commission d’enquête de l’ONU, au rapporteur spécial et à des observateurs indépendants des droits humains de se rendre à Gaza.
« Un cessez-le-feu durable reste le meilleur moyen d’appliquer les mesures conservatoires indiquées par la CIJ afin de prévenir un génocide et d’autres crimes et souffrances civiles. Depuis quelques jours, les appels à cesser les combats se multiplient : le Conseil européen a appelé à un cessez-le-feu la semaine dernière et le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté hier une résolution demandant un cessez-le-feu immédiat pour les deux dernières semaines du ramadan. Les États du monde entier doivent désormais s’efforcer de faire de ces appels une réalité. »