Hong Kong. L’arrestation de spectateurs défiant l’hymne national chinois lors d’un match de foot est une atteinte à la liberté d’expression
En réaction à l’arrestation de trois personnes accusées d’avoir « insulté » l’hymne national chinois en tournant le dos au terrain et en ne se levant pas pendant qu’il passait lors d’un match de football à Hong Kong, Sarah Brooks, directrice pour la Chine à Amnistie internationale, a déclaré :
« Encore une fois à Hong Kong, un acte de protestation totalement pacifique se heurte à une réponse brutale de la police au moyen d’une loi répressive – ici, la loi relative à l’hymne national – destinée à museler la liberté d’expression.
« Ces arrestations s’inscrivent à la suite d’une série d’événements qui montrent de plus en plus Hong Kong comme un État policier, où les habitant.e.s sont étroitement surveillés pour déceler le moindre signe de dissidence et le sanctionner lourdement.
« Le droit des personnes d’exprimer leur ressenti à l’égard des hymnes nationaux et d’autres symboles étatiques est protégé par le droit international relatif aux droits humains. Néanmoins, à Hong Kong, le fait “d’insulter” l’hymne national chinois constitue une infraction, même s’il s’agit simplement de rester assis.
« Les personnes arrêtées pour ces faits ont été prises pour cibles uniquement pour avoir exercé de manière pacifique leur droit à la liberté d’expression. Les poursuites à leur encontre doivent être abandonnées immédiatement. »
Complément d’information
Selon la police, trois personnes ont été arrêtées lors du match de qualification pour la Coupe du monde de football opposant l’équipe de Hong Kong à celle de l’Iran jeudi 6 juin au soir, car elles ont « tourné le dos au terrain et ne se sont pas levées pendant l’hymne national ».
Des médias locaux ont indiqué que des policiers en civil observaient les spectateurs et les filmaient au moment où l’hymne national chinois a été joué dans le stade de Hong Kong.
La loi de Hong Kong sur l’hymne national, adoptée en 2020, rend illégaux et passibles de trois ans d’emprisonnement les actes perçus comme « insultant » l’hymne chinois. Toutes les personnes arrêtées jeudi ont été libérées sous caution dans l’attente des conclusions de l’enquête.
Plusieurs personnes ont été prises pour cibles en raison de leur militantisme pacifique à Hong Kong au cours des dernières semaines, dont quatre qui ont été arrêtées lors du 35e anniversaire de la répression de Tiananmen, le 4 juin, et huit autres arrêtées pour « sédition » au titre de la nouvelle législation de l’Article 23 pour avoir commémoré pacifiquement ces événements à l’approche de leur date anniversaire.
En vertu du droit international relatif aux droits humains, la liberté d’expression peut protéger des idées et propos que certaines personnes peuvent trouver choquants s’ils ne présentent pas d’intention ou de risque d’incitation à des violences imminentes. Les normes internationales relatives aux droits humains prévoient clairement que le fait de critiquer ou d’insulter pacifiquement la nation ou ses symboles, même de façon offensante, ne constitue pas une menace pour la sécurité nationale et ne justifie pas leur interdiction pour d’autres motifs.