Azerbaïdjan. Un défenseur des droits humains et de la justice climatique arrêté en amont de la COP29
En réaction à l’arrestation d’Anar Mammadli, célèbre défenseur des droits humains qui est président du Centre de surveillance des élections et d’études de la démocratie et cofondateur de l’Initiative pour un climat de justice en Azerbaïdjan, Natalia Nozadze, chercheuse sur le Caucase du Sud à Amnistie internationale, a déclaré :
« Les autorités azerbaïdjanaises doivent mettre fin immédiatement à leur campagne d’intimidation visant la société civile et cesser de placer en détention leurs détracteurs en amont de la COP29, qui se tiendra à Bakou en novembre prochain. Cette campagne a déjà débouché sur des poursuites pénales douteuses contre plusieurs militant·e·s et journalistes de renom. L’arrestation du célèbre défenseur des droits humains Anar Mammadli est une nouvelle illustration scandaleuse de cette tendance inquiétante.
« Son arrestation suit un schéma typique d’utilisation abusive de la justice pénale pour faire taire les personnes qui critiquent le gouvernement, comprenant notamment des perquisitions illégales, des privations de contacts avec des avocats, des actes de torture et d’autres formes de mauvais traitements en détention, et des détentions arbitraires approuvées sans discussion par des tribunaux dociles. Nous demandons la fin de cette campagne permanente de musèlement de la dissidence et la libération immédiate d’Anar Mammadli. »
Complément d’information
Le 29 avril 2024 en fin de journée, Anar Mammadli allait chercher son enfant à la garderie lorsqu’il a été appréhendé par des hommes masqués non identifiés et emmené à bord d’un véhicule noir. Selon des membres de sa famille, la police a ensuite perquisitionné son domicile et y aurait dissimulé de l’argent en vue de l’incriminer. Le ministère de l’Intérieur a confirmé sa détention et sa sœur a fait savoir qu’il était officiellement soupçonné de « complot en vue d’introduire illégalement de l’argent dans le pays », au titre de l’article 206.3.2 du Code pénal de l’Azerbaïdjan, et avait été arrêté en lien avec la procédure contre Abzas Media. Il semblerait qu’il ait été privé de contacts avec son avocat pendant toute la nuit lors de son placement dans un centre de détention provisoire à Bakou.
En 2014, Anar Mammadli a été reconnu comme prisonnier d’opinion par Amnistie internationale lorsqu’il a été condamné à cinq ans et demi d’emprisonnement pour des accusations fallacieuses d’évasion fiscale, d’entreprise illégale et d’abus d’autorité. Il a été gracié en 2016, mais il a depuis fait l’objet d’attaques répétées de la part des autorités et des médias progouvernementaux, qui se sont intensifiées à l’approche de la COP29.