Arabie saoudite. Les autorités doivent libérer un ressortissant néerlando-yéménite maintenu en détention arbitraire
Les autorités saoudiennes doivent immédiatement relâcher Fahd Ramadhan, un ressortissant néerlando-yéménite détenu arbitrairement sans inculpation ni possibilité de consulter un avocat depuis plus de six mois, a déclaré Amnistie internationale le 30 mai 2024.
Le 20 novembre 2023, deux jours après son arrivée en Arabie saoudite, Fahd Ramadhan a reçu un appel du Département des enquêtes criminelles (CID) de Djedda, lui demandant de se présenter à la police sans autre explication. À son arrivée au poste ce jour-là, les forces de sécurité l’ont arrêté arbitrairement sans lui fournir de motif ni lui permettre de contacter un avocat. Il a pu passer un bref appel téléphonique à son épouse, mais n’a pas été autorisé à lui dire où il était retenu.
« Il est scandaleux que les autorités saoudiennes placent Fahd Ramadhan derrière les barreaux pendant plus de six mois sans l’inculper d’aucun crime ni lui donner la possibilité de contester sa détention, tout en lui refusant l’accès à des soins médicaux et à une représentation juridique adéquats, a déclaré Dagmar Oudshoorn, directrice d’Amnistie internationale aux Pays-Bas.
« Les autorités saoudiennes doivent libérer Fahd Ramadhan immédiatement, sauf s’il existe des preuves indiquant qu’il est raisonnablement soupçonné d’avoir participé à une infraction pénale en vertu du droit international relatif aux droits humains et des normes en la matière. Dans l’attente de sa libération, il doit pouvoir bénéficier de soins médicaux adéquats, d’une assistance juridique et de visites régulières de l’ambassade des Pays-Bas à Riyadh. »
Fahd Ramadhan est né en Arabie saoudite et était revenu dans le pays le 18 novembre 2023 pour rassembler des documents afin de remplir une demande de citoyenneté aux Pays-Bas, où il bénéficie de la protection de l’asile depuis 2018.
Arrêté le 20 novembre, il a été détenu au secret du 21 novembre 2023 au 1er janvier 2024. Lorsque sa sœur a été autorisée à lui rendre visite le 1er janvier 2024, il lui a confié que son interrogatoire était terminé, mais qu’il n’avait aucune assistance juridique et n’avait connaissance d’aucune inculpation officielle à son encontre.
En janvier 2024, la famille de Fahd Ramadhan a désigné un avocat qui a tenté de lui rendre visite en prison mais n’a pas été autorisé à le voir. Selon la famille, les autorités pénitentiaires ont conseillé à cet avocat de ne pas intervenir dans cette affaire.
En mai, Fahd Ramadhan a indiqué à sa famille qu’il ne recevait pas les soins médicaux dont il a besoin pour son diabète.
En février 2024, il a obtenu la nationalité néerlandaise. Des représentants de l’ambassade des Pays-Bas à Riyadh ont pu lui rendre visite en prison le 21 mars. Il leur a expliqué qu’il y a quelques années, il avait sympathisé en ligne avec un détracteur de la famille royale saoudienne et pensait que c’était la raison de sa détention.
Amnistie internationale recueille des informations sur la répression croissante de la liberté d’expression en Arabie saoudite, ciblant à la fois des citoyen·ne·s saoudiens et des étrangers·ères, dont beaucoup sont condamnés à de lourdes peines de prison uniquement pour avoir exercé pacifiquement leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion, notamment en critiquant le gouvernement et sa politique.
Les procédures légales dans ces affaires sont bien loin d’être conformes aux normes internationales d’équité des procès. Les accusés sont souvent détenus au secret sans inculpation, à l’isolement, et privés de la possibilité de consulter un avocat ou de contester la légalité de leur détention devant un tribunal.
« Au regard du triste bilan de l’Arabie saoudite en matière de détention arbitraire, il est impératif que les autorités néerlandaises plaident en faveur de la libération immédiate de Fahd Ramadhan et veillent à ce qu’il puisse retourner aux Pays-Bas », a déclaré Dagmar Oudshoorn.