Arabie saoudite. Le pays devrait être nommée à la présidence du forum de l’ONU sur l’égalité des sexes alors que les droits des femmes sont bafoués dans le pays
À la veille de l’annonce attendue de la nomination de l’Arabie saoudite à la présidence du forum de l’ONU sur les droits des femmes lors de la rencontre annuelle de la Commission de la condition de la femme des Nations unies le 22 mars 2024, Sherine Tadros, responsable adjointe du travail de plaidoyer à Amnistie internationale, a déclaré :
« La Commission de la condition de la femme dispose d’un mandat clair dédié à la promotion des droits des femmes et de l’égalité des sexes et il est essentiel que la présidence de la Commission respecte ce mandat. Le bilan catastrophique de l’Arabie saoudite lorsqu’il s’agit de protéger et de promouvoir les droits des femmes met en lumière le fossé entre la réalité que vivent les femmes et les filles dans le pays, et les aspirations de la Commission.
« La Charte des Nations unies énonce clairement comme l’un des principaux objectifs de l’ONU le respect des droits humains. Être membre de ses organes chargés de défendre les droits humains implique une responsabilité supplémentaire en vue de consolider ce respect, au niveau mondial et national – d’autant plus pour assumer des rôles de direction au sein de ces organes.
« La Loi relative au statut personnel de 2022 en Arabie saoudite, présentée par les autorités comme un pas en avant vers le progrès et l’égalité ancre dans les faits la discrimination liée au genre dans chaque aspect de la vie de famille, du mariage au divorce, de la garde des enfants à l’héritage, et ne protège en aucune façon les femmes contre les violences liées au genre.
« Le rapport d’Amnistie internationale publié cette semaine révèle que le premier projet de Code pénal écrit en Arabie saoudite, qui a fuité, aurait des conséquences catastrophiques pour les femmes dans le pays.
« L’Arabie saoudite ne peut pas prouver son engagement envers les droits des femmes simplement en s’assurant un rôle de leader au sein de la Commission. Elle doit en faire la démonstration par des actes concrets au niveau national, notamment en abolissant le système de tutelle masculine et en abrogeant les dispositions légales qui établissent des discriminations à l’égard des femmes. Les autorités saoudiennes doivent également cesser de réprimer la liberté d’expression et libérer sans attendre toutes les personnes injustement détenues pour avoir exprimé leurs opinions, y compris en soutien aux droits des femmes. »
Complément d’information
Amnistie internationale a analysé le projet de Code pénal saoudien dans un rapport intitulé Un manifeste pour la répression : il accorde l’immunité de poursuites pénales aux individus qui commettent des « crimes d’honneur », ne reconnaît pas le viol conjugal comme un crime et criminalise les relations sexuelles consenties entre hommes adultes, ainsi que les relations sexuelles hors mariage.
Les femmes qui défendent les droits humains en Arabie saoudite sont persécutées et d’éminents militant·e·s des droits des femmes se sont vu imposer des interdictions de quitter le territoire et d’autres restrictions à l’exercice de leur droit à la liberté d’expression. Des Saoudiennes qui ont envoyé des tweets en faveur des droits des femmes ont été condamnées à des peines de prison parmi les plus lourdes qu’Amnistie internationale a jamais recensées pour le simple fait d’exprimer ses opinions – des peines de 45 ans et de 27 ans notamment. Manahel al Otaibi attend d’être jugée par le tristement célèbre tribunal antiterroriste, simplement pour avoir diffusé sur Twitter des messages en soutien aux droits des femmes et avoir publié sur Snapchat une photo d’elle sans abaya (tunique traditionnelle).