En fermant le chemin Roxham, le gouvernement canadien failli à ses obligations en matière de droit d’asile déclare Amnistie internationale Canada
Les deux sections d’Amnistie internationale Canada condamnent une décision des gouvernements canadien et américain d'élargir, plutôt que d'annuler, l'Entente sur les tiers pays sûrs (ETPS) pour répondre au passage des personnes demandeuses d'asile par le chemin Roxham.
France-Isabelle Langlois, directrice générale d’Amnistie internationale Canada francophone a déclaré :
« En adoptant cet amendement à l'ETPS avec les États-Unis, le Canada adopte, une fois de plus, une vision déshumanisée de l’accueil des personnes demandeuses d'asile. La fermeture complète de la frontière, et notamment du chemin Roxham pour ne nommer que celui-ci, est une sentence de mort, un refus de reconnaître l'humanité de dizaines de milliers de personnes. L’Entente sur les tiers pays sûrs doit tout simplement être retirée, les États-Unis n’étant pas un pays sûr pour les personnes demandeuses d’asile. Il est grand temps que le Canada mette les droits humains au cœur de son système d’immigration et de protection des personnes réfugiées pour accueillir dignement les personnes fuyant la violence et les persécutions ».
« Conformément à ses obligations internationales, le Canada doit entendre toutes les demandes d’asile qui lui sont présentées et assurer aux services et aux organisations en première ligne, les moyens nécessaires pour faire face à ces demandes. En raison de son isolement géographique, le Canada ne reçoit qu’une petite goutte de la mer que représentent les migrations forcées au niveau international, et il est de son devoir de respecter le droit d’asile et de ne pas fermer ses frontières aux réfugié·e·s. Le Canada, et les provinces comme le Québec, ont la capacité d’accueillir les personnes demandeuses d’asile, c’est une question d’humanité et de volonté politique ».
Ketty Nivyabandi, secrétaire générale de la section anglophone d’Amnistie internationale Canada, a déclaré : « La fermeture du chemin Roxham en élargissant l'Entente sur les tiers pays sûrs est un affront aux droits des demandeurs d'asile qui cherchent à se protéger au Canada. Les personnes fuyant leur pays d'origine, puis mettant leur vie en danger en entrant irrégulièrement au Canada, ne prendraient pas des mesures aussi extrêmes si le système d'immigration et de protection des réfugiés des États-Unis respectait les droits des migrants. Il est également inacceptable que le gouvernement prenne cette mesure alors que la constitutionnalité de l'accord fait l'objet d'un examen par la Cour suprême du Canada ».
« En outre, étendre l'Entente sur les tiers pays sûrs ne mettra pas fin aux traversées irrégulières. Au contraire, cela poussera les migrants à tenter des traversées plus dangereuses vers des régions éloignées du Canada et, dans certains cas, les obligera à faire appel à des passeurs pour effectuer le voyage précaire. Au lieu de punir les personnes qui fuient la violence et la persécution dans leur pays d'origine, le Canada devrait se retirer de l'Entente sur les tiers pays sûrs. Cela favoriserait des passages sûrs et réguliers à la frontière entre le Canada et les États-Unis et contribuerait à garantir la protection du droit des personnes à déposer une demande d'asile».