• 19 juin 2023
  • Canada
  • Communiqué de presse

73 kilomètres à pied de Montréal à Roxham en solidarité avec les personnes demandeuses d’asile

À l'approche de la Journée mondiale des réfugiés, une coalition de groupes communautaires engagés dans la défense des droits humains, des bénévoles et des citoyen·ne·s, marchent de Montréal jusqu’au chemin Roxham, en solidarité avec les personnes demandeuses d’asile pour dénoncer l’élargissement de l’Entente sur les tiers pays sûrs (ETPS) et la fermeture, de facto, de la frontière aux personnes demandeuses d’asile. 

 

Une mobilisation de plus d’un mois, entre mars et avril, devant les bureaux du premier ministre Justin Trudeau à Montréal, est malheureusement restée sans réponse du gouvernement. Ces trois journées de marche visent donc à sensibiliser sur le parcours et les difficultés rencontrées par les personnes demandeuses d’asile mais surtout à exiger du gouvernement canadien de respecter ses obligations internationales en ce qui concerne le droit d’asile. Après un rassemblement et une conférence de presse, les marcheuses et marcheurs s’élanceront de la Place Charles de Gaulle à Montréal à 10h ce samedi pour rejoindre, trois jours plus tard, le chemin Roxham où une conférence de presse de clôture sera organisée. Cette coalition n’est pas seule dans cette lutte, puisque, d’un océan à l’autre, plusieurs organisations et personnes continuent à se mobiliser pour la fin de cette entente et pour l'ouverture de points d'entrée réguliers et de ce fait sans danger pour les personnes demandeuses d'asile. 

 

Le Canada a des obligations internationales envers les personnes en quête de protection. En tant que signataire de la Convention relative au statut des réfugiés de l’ONU, le Canada a l’obligation d’offrir une protection aux personnes demandeuses d’asile qui en font la demande à la frontière, que leur entrée se fasse par des voies régulières ou non. L’ETPS repose sur le principe que les États-Unis sont un pays sûr pour les réfugié·e·s ; cependant, des expert·e·s juridiques et des organismes de droits de la personne constatent que les États-Unis ne sont pas un pays sûr pour les personnes demandeuses d’asile, qui sont exposé·e·s à une forte probabilité de refoulement (renvoi de force) vers leur pays d’origine et de détention arbitraire dans de mauvaises conditions. 

 

De plus, les frontières fermées sont des frontières mortelles. Nous savons qu’un climat de peur et de criminalisation autour des frontières pousse les personnes en quête de sécurité à emprunter des routes dangereuses. Au lieu d’attendre le jugement de la Cour suprême, le gouvernement canadien est allé de l’avant avec cet élargissement aux impacts dévastateurs et potentiellement mortels sur les personnes demandeuses d’asile. Le jugement de la Cour suprême de ce vendredi, même s’il n’invalide pas l’entente, reconnaît le risque de violation des droits humains des personnes réfugiées aux États-Unis. De plus, elle ne se prononce pas sur la constitutionnalité de l’entente elle-même. La Cour suprême appuie sa décision sur les soupapes de sécurité prévues par la loi. Or, ces soupapes ne sont pas mises en œuvre en pratique. Il est donc clair que la façon la plus respectueuse pour préserver ces droits est le retrait pur et simple du Canada de cette entente.

 

Les signataires ci-dessous demandent au gouvernement fédéral de se retirer de l’ETPS et de permettre aux demandeu·rs·ses d’asile de chercher une protection à nos frontières, de manière sûre, ordonnée et digne.

Signé par : Action Réfugiés Montréal, Amnistie Internationale Canada francophone, Centre communautaire LGBTQ+ de Montréal, Créons des ponts // Bridges Not Borders, Clinique pour la justice migrante, Collectif Bienvenue // Welcome Collective, Foyer du Monde, Le Pont, Ligue des droits et libertés, Mission communautaire de Montréal, Mouvement contre le viol et l’inceste, The Refugee Centre (TRC), Service jésuite des réfugiés Canada, la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI) 

À propos des signataires: Nous sommes un groupe diversifié d’organisations communautaires et de droits humains, et d’experts juridiques qui travaillent directement avec les personnes demandeuses d’asile qui arrivent au Québec ou qui œuvrent à défendre les droits de cette population. Cette coalition s’est formée en réponse à l’annonce inattendue et abrupte du 24 mars, élargissant l’ETPS et éliminant la possibilité pour la grande majorité de personnes de demander une protection aux frontières terrestres et maritimes du Canada.