• 15 Sep 2023
  • Bahreïn
  • Communiqué de presse

Bahreïn. Maryam Al Khawaja s’est vu refuser de monter à bord de son avion alors qu’elle se rendait à Bahreïn pour demander la libération de son père

Maryam Al Khawaja s’est vu interdire de monter à bord d’un vol de la British Airways pour Bahreïn où elle devait effectuer une visite annoncée publiquement afin de faire pression sur les autorités bahreïnites pour qu’elles libèrent son père, Abdulhadi Al Khawaja, défenseur des droits humains à la double nationalité bahreïnite et danoise, ont déclaré Amnistie Internationale, Frontline Defenders et ActionAid Danemark le 15 septembre 2023.

Elle était accompagnée d’une délégation de responsables de trois organisations de défense des droits humains : Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnistie Internationale ; Olive Moore et Andrew Anderson, actuelle directrice et ancien directeur de Front Line Defenders ; et Timothy Whyte, secrétaire général d’ActionAid Danemark. Aucun d’entre eux n’a pu monter à bord de cet avion.

En réaction, Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnistie Internationale, a déclaré :

« La décision d’interdire à Maryam Al Khawaja et à la délégation qui l’accompagnait de se rendre à Bahreïn est une manœuvre éhontée des autorités bahreïnites visant à empêcher les gens de parler des violations des droits humains commises dans le pays. Elle illustre le mépris total des autorités à l’égard des normes internationales relatives aux droits humains, que le prince héritier de Bahreïn a pourtant prônées lors d’un voyage à Washington D.C. pas plus tard qu’hier. »

Olive Moore, directrice exécutive de Frontline Defenders, a déclaré :

« Maryam Al Khawaja a mis sa liberté en jeu pour défendre la cause de son père malade et d’autres défenseur·e·s des droits humains, et se heurte une nouvelle fois au mépris des autorités pour les droits humains et l’état de droit. Leur refus de lui accorder le droit fondamental à la liberté de circuler librement, notamment le droit de rentrer dans son propre pays, est totalement injustifiable. »

Agnès Callamard a ajouté : « Depuis 12 longues années, Abdulhadi Al Khawaja est maintenu arbitrairement en détention, uniquement pour avoir exercé pacifiquement ses droits. Alors que son état de santé est très préoccupant, il est régulièrement privé des soins médicaux essentiels dont il a tant besoin. Il doit être libéré immédiatement et sans condition, tout comme 11 autres prisonniers d’opinion bahreïnites qui croupissent en prison. Cette parodie de justice doit cesser. »

Tim Whyte, secrétaire général d’ActionAid Danemark, a déclaré : « Ce qui s’est passé aujourd’hui doit galvaniser les sympathisants du gouvernement danois et du gouvernement bahreïnite au sein de la communauté internationale pour qu’ils agissent fermement en faveur de la protection des droits humains. Il ne faut ménager aucun effort pour assurer la libération rapide d’Abdulhadi Al Khawaja. Le gouvernement danois doit employer tous les moyens diplomatiques possibles pour faire pression sur ses homologues bahreïnites et obtenir le retour d’Abdulhadi Al Khawaja, y compris en condamnant publiquement sa détention et en demandant sa libération. »

Complément d’information

Abdulhadi Al Khawaja est un prisonnier d’opinion depuis 2011, date à laquelle il a été placé en détention pour avoir pris la tête des manifestations politiques contre la monarchie pendant le Printemps arabe. Son arrestation a été émaillée de torture, ce qui a entraîné une détérioration de son état de santé marquée par des douleurs chroniques. Depuis deux ans, il souffre également d’un glaucome et d’arythmie cardiaque.

Son cas (cas n° 8) a été exposé dans le rapport de la Commission d’enquête indépendante de Bahreïn (BICI), un mécanisme de surveillance créé par décret du roi Hamad Al Khalifa en 2011 à la suite des manifestations nationales. Pourtant, les autorités lui refusent des traitements adaptés, annulent ses rendez-vous à l’hôpital et lui infligent des conditions de transport inhumaines.

En solidarité avec ses codétenus de la prison centrale de Jaww, Abdulhadi Al Khawaja a entamé une grève de la faim le 9 août 2023, n’acceptant d’ingérer que de très petites quantités de liquide, comme du jus ou du lait, et ce pas plus d’une fois par jour.

Cette action s’inscrit dans le cadre d’une grève de la faim qui a duré un mois, à laquelle des centaines de prisonniers ont participé pour réclamer l’amélioration des conditions de détention, notamment plus de visites et des soins adaptés. Ce jeûne a aggravé les problèmes cardiaques d’Abdulhadi Al Khawaja, ce qui lui a valu deux hospitalisations en urgence.

Le 11 septembre 2023, les prisonniers ont cessé leur grève de la faim collective, puisque l’administration pénitentiaire a accepté d’améliorer les conditions ces prochaines semaines. Toutefois, le 13 septembre, Abdulhadi Al Khawaja a repris la grève en raison de l’annulation de son rendez-vous chez l’ophtalmologiste.

Maryam Al Khawaja, détentrice de la double nationalité bahreïnite et danoise, a annoncé son voyage prévu à Bahreïn sur les réseaux sociaux le 7 septembre. Cette semaine, la visite du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) qui souhaitait évaluer les conditions dans le pays, a également été annulée, la veille seulement de leur arrivée.

En solidarité avec la visite de Maryam Al Khawaja, des membres de trois organisations de défense des droits humains l’accompagnaient : Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnistie Internationale ; Olive Moore et Andrew Anderson, actuelle directrice et ancien directeur de Front Line Defenders ; et Timothy Whyte, secrétaire général d’ActionAid Danemark.