Tanzanie. Le ministère public abandonne les poursuites pour meurtre à l’encontre de 24 Masaïs
En réaction à la décision du directeur du ministère public de Tanzanie d’abandonner les poursuites pour meurtre et collusion en vue de commettre un meurtre à l’encontre de 24 membres de la communauté masaï, dont dix de leurs dirigeants, Muleya Mwananyanda, directrice régionale pour l’Afrique de l’Est et Afrique australe à Amnistie internationale, a déclaré :
« L’abandon des charges qui pesaient contre les membres du peuple masaï est sans équivoque la bonne décision. Ils n’auraient jamais dû être arrêtés. Leur seul “crime” a été d’exercer leur droit de manifester pendant que les forces de sécurité tentaient de saisir leurs terres au nom de la “conservation”.
« Les autorités tanzaniennes doivent immédiatement mettre un terme à leurs opérations de sécurité qui ont lieu à Loliondo et veiller à ce que toutes les terres pastorales traditionnelles qui ont été saisies soient rendues au peuple autochtone masaï.
La Tanzanie doit immédiatement cesser de réprimer le droit à la liberté de réunion. Au contraire, le gouvernement doit prendre des mesures pour protéger le droit de manifester. »
Complément d'information
Le 7 juin 2022, les forces de sécurité tanzaniennes et les autorités de la zone de conservation du Ngorongoro sont arrivées à Loliondo et ont commencé à expulser de force des membres de la communauté masaï sans les avoir prévenus suffisamment à l’avance, sans indemnisation et sans avoir pris la peine de lancer un véritable processus de consultation pour obtenir leur consentement préalable, libre et éclairé. Au nom de la conservation, ils ont saisi 1 500 kilomètres carrés de terres ancestrales revendiquées par plus de 70 000 Masaïs.
Le 9 juin 2022, des membres de la communauté masaï venus d’Ololosokwan, Oloirien, Kirtalo et Arash, quatre villages de Loliondo qui bordent le parc national du Serengeti, se sont réunis pour protester contre l’exercice de démarcation en enlevant la signalétique placée par les forces de sécurité pour délimiter les frontières des terres revendiquées par les Masaïs.
Toujours le 9 juin, soit un jour avant la mort du policier qu’ils sont accusés d’avoir tué, la police a arrêté dix dirigeants masaïs de Loliondo, ainsi que 14 autres membres de la communauté masaï et trois autres personnes. Ils ont été détenus durant 11 jours et privés de contacts avec leurs avocats et leur famille.
Le 10 juin, les forces de sécurité ont utilisé des armes à feu et du gaz lacrymogène contre les manifestant·e·s lors d’un affrontement au cours duquel un policier, Garlus Mwita, a été tué par une flèche, tandis qu’un membre de la communauté masaï âgé de 80 ans, Orias Oleng’iyo, a été victime de disparition forcée. Au moins 32 membres de la communauté masaï ont été blessés par balle.