Russie. L’administration pénitentiaire impose des conditions sévères à Alexeï Navalny
En réaction aux dernières informations et photos inquiétantes du militant politique russe Alexeï Navalny, qui purge une peine de neuf années d’emprisonnement pour des accusations de fraude forgées de toutes pièces, Marie Struthers, directrice du programme Europe de l'Est et Asie centrale d'Amnistie internationale, a déclaré :
« Nous recevons des informations très inquiétantes concernant le traitement de plus en plus dur infligé à Alexeï Navalny dans la colonie pénitentiaire à régime sévère où il est actuellement détenu. Il fait notamment l’objet de graves sanctions pour des infractions présumées et de manœuvres répétées visant à l’isoler des autres prisonniers, qui ne seraient pas autorisés à lui parler ni même à le regarder. En violation flagrante de ses droits, ainsi que de la législation russe, Alexeï Navalny n’est pas autorisé à rencontrer son avocat en privé. Sa santé et son bien-être sont gravement menacés et ce régime s’apparente à un traitement cruel, inhumain et dégradant.
« Les autorités pénitentiaires russes se servent des méthodes cruelles qu’elles peaufinent depuis des années pour tenter de briser le moral d’Alexeï Navalny, en rendant son existence dans la colonie pénitentiaire insupportable, humiliante et déshumanisante. Alexeï Navalny doit être libéré immédiatement et sans condition, et tous ceux qui sont responsables de son incarcération illégale et des mauvais traitements subis doivent rendre des comptes. »
Complément d’information
Le 14 juin, Alexeï Navalny a été transféré de la colonie pénitentiaire IK-5 (à Pokrov, dans la région de Vladimir) à la colonie IK-6 (à Melekhovo, région de Vladimir), où le régime est encore plus strict et où l’administration et les gardiens lui infligent un traitement encore plus dur, selon ses avocats.
Depuis le 15 août, Alexeï Navalny a été placé en cellule de punition (shtrafnoy izolyator ou SHIZO, en russe) à quatre reprises, pour des infractions mineures au règlement, comme un bouton déboutonné sur sa chemise, ou sans aucune explication. Pendant qu’il est en cellule de punition, il est privé de visites familiales, de colis et de lettres. Il aurait également été accusé d’enfreindre de manière « malveillante » le régime de la colonie pénitentiaire et placé dans des « conditions de détention strictes ». Cela signifie, entre autres, qu'il n'est autorisé à recevoir que quatre visites de sa famille par an au lieu de six.
Outre les mesures disciplinaires prises à l'encontre d'Alexeï Navalny, l'administration de la colonie lui a annoncé qu'elle lui retirait le droit de communiquer en privé avec son avocat. En conséquence, ils doivent désormais communiquer à travers une paroi de plastique opaque, ce qui les empêche d'échanger ou d'examiner des documents.
La communication entre Alexeï Navalny et les autres prisonniers serait très limitée : ils auraient interdiction de lui parler ou même de le regarder. Selon les informations émanant de ses collègues et d'un défenseur russe des droits humains, lorsqu’Alexeï Navalny passe, une alarme est déclenchée. Les prisonniers doivent alors se détourner de lui ou s'éloigner des fenêtres s’il en est proche à ce moment-là.