Royaume-Uni. Le refus de la Cour suprême d’accorder à Julian Assange le droit d’interjeter appel est un « coup porté à la justice »
En réaction à la décision de la Cour suprême du Royaume-Uni de refuser d’accorder à Julian Assange la permission de faire appel du précédent arrêt de la Haute Cour autorisant son extradition, Julia Hall, directrice adjointe des recherches sur l’Europe à Amnistie internationale, a déclaré :
« La décision rendue le 14 mars est un coup porté à Julian Assange et à la justice. La Cour suprême manque une occasion de clarifier l’acceptation par le Royaume-Uni d’assurances diplomatiques profondément biaisées contre la torture. De telles assurances sont par nature peu fiables et exposent les personnes concernées à des risques de graves atteintes aux droits humains en cas d’extradition ou de tout autre transfert.
« Le maintien à l'isolement pendant de longues périodes caractérise la vie de nombreux prisonniers dans les prisons américaines de très haute sécurité et s’apparente à de la torture ou à des mauvais traitements au titre du droit international. L’interdiction de la torture et des mauvais traitements est absolue et les promesses vides de sens de traitement équitable telles que celles qu’offrent les États-Unis dans le cas de Julian Assange menacent d’ébranler fortement cette interdiction internationale.
« Ce refus est également une mauvaise nouvelle pour la liberté de la presse, car il balise le funeste parcours qu’empruntent les États-Unis dans le but de poursuivre des éditeurs pour espionnage. Exiger que des États comme le Royaume-Uni extradent des personnes parce qu’elles ont publié des informations classées secrètes dans l’intérêt public établit un dangereux précédent – et ne doit pas être accepté. Les États-Unis doivent immédiatement abandonner les charges retenues contre Julian Assange. »
Complément d’information
La Haute Cour a statué en décembre 2021 que Julian Assange pouvait être extradé, sur la base des prétendues promesses des États-Unis de garantir sa sécurité en prison. Les États-Unis avaient fourni des assurances écrites selon lesquelles, s'il était extradé, Julian Assange ne serait pas incarcéré dans une prison de très haute sécurité ni soumis à des mesures administratives spéciales (notamment l'isolement cellulaire prolongé, qui peut constituer un acte de torture ou un mauvais traitement en vertu du droit international) et bénéficierait de soins de santé adéquats. Les États-Unis ont toutefois inclus une mise en garde : si Julian Assange fait quelque chose à l'avenir qui nécessite de le soumettre à des mesures administratives spéciales ou de le placer dans une prison de très haute sécurité, ils se réservent le droit de le faire.