Philippines. Après sa prise en otage, Leila de Lima doit être, non pas transférée, mais libérée de prison immédiatement
En réaction aux informations selon lesquelles la prisonnière d'opinion et ancienne sénatrice Leila de Lima a été prise en otage le 9 octobre dans sa cellule au centre de détention de la Police nationale philippine (PNP), Butch Olano, directeur d'Amnistie internationale Philippines, a déclaré :
« C’est avec une vive inquiétude que nous apprenons que Leila de Lima, défenseure des droits humains et ancienne sénatrice, a été prise en otage par un autre détenu à l’intérieur même du siège de la Police nationale philippine. Le fait qu'elle ait dû endurer cette expérience traumatisante et effrayante, alors qu’elle est détenue arbitrairement depuis plus de cinq ans, est un véritable scandale, comble de la négligence et de l'injustice.
« Le gouvernement philippin doit mener une enquête approfondie et impartiale– d’autant que Leila de Lima fait l'objet d'attaques brutales et de persécutions politiques depuis cinq ans – et veiller à ce que de tels faits ne se reproduisent plus. Le gouvernement est tenu d'assurer la sécurité de Leila de Lima et de tous les détenu·e·s pendant leur incarcération.
« Nous réaffirmons que Leila de Lima est la cible d’accusations forgées de toutes pièces et que toutes les preuves portées à son encontre sont fabriquées. Elle n'aurait jamais dû être arrêtée. Le gouvernement de Ferdinand Marcos Jr. doit commencer par la libérer sans attendre afin de remédier à cette situation. Prendre des mesures moindres – la transférer dans un autre centre de détention comme le propose le président Ferdinand Marcos Jr – ne ferait que perpétuer la grave injustice dont elle est victime. »
Complément d’information
Le 9 octobre, la prisonnière d'opinion et ex-sénatrice Leila de Lima a été prise en otage dans sa cellule au centre de détention de la Police nationale philippine (PNP) par un détenu armé qui tentait de s'évader. La PNP a ensuite indiqué dans un communiqué que le suspect avait été tué, ainsi que deux codétenus ayant participé à cette tentative d’évasion. Ces trois prisonniers étaient accusés d’appartenir à des groupes terroristes.
Après ces événements, Leila de Lima a déclaré qu'elle n'imaginait pas être victime d'une prise d'otages pendant sa « détention inique ». Elle a ajouté qu'elle « essayait de se remettre psychologiquement et émotionnellement de cette expérience éprouvante » et ressentait une « douleur persistante » à la poitrine, là où le preneur d'otages « avait constamment appuyé la pointe de son couteau ».
Leila de Lima était l'une des plus ferventes critiques du gouvernement de l'ancien président Rodrigo Duterte. Elle a été arrêtée le 24 février 2017 après avoir cherché à enquêter sur les atteintes aux droits humains perpétrées dans le cadre de la « guerre contre la drogue », notamment l'exécution extrajudiciaire de milliers de personnes soupçonnées d'avoir commis des infractions en lien avec les stupéfiants. Acquittée d'une accusation liée au trafic de stupéfiants en février 2021, elle est maintenue en détention pour deux autres chefs d’inculpation.
Le président Ferdinand Marcos Jr a proposé de transférer Leila de Lima dans un autre centre de détention, ce qu’elle a refusé.