• 23 nov 2022
  • Madagascar
  • Communiqué de presse

Madagascar. La directrice exécutive de TI-MG a été convoquée après avoir dénoncé des faits de corruption

En réaction à l’interrogatoire auquel Ketakandriana Rafitoson, directrice exécutive de Transparency International Initiative Madagascar (TI-MG), a été soumise par la police mercredi 23 novembre dans l’après-midi, Muleya Mwananyanda, directrice régionale pour l’Afrique australe à Amnistie internationale, a déclaré : 

« Les autorités malgaches doivent se garder d’utiliser la justice de manière abusive dans le but de harceler et d’intimider les défenseur·e·s des droits humains. Ketakandriana Rafitoson n’a rien fait d’autre qu’accomplir son travail, en rendant publiques des allégations sérieuses de corruption, de fraude et de blanchiment d’argent. 

« La convocation et l’interrogatoire de Ketakandriana Rafitoson, qui est accusée de "dénonciations abusives et diffamatoires" ont clairement pour objectif d'envoyer un message dissuasif et d'intimider les défenseur·e·s des droits humains à Madagascar. » 

La police a transmis l’affaire au parquet, et Ketakandriana Rafitoson et Dominique Rakotomalala, le président de TI-MG, comparaîtront devant le procureur jeudi 24 novembre afin de répondre à ces accusations. 

Contexte 

Ketakandriana Rafitoson a été convoquée par le chef du Service central de la lutte contre les faux, fraudes et contrefaçons, afin de faire une déposition dans les locaux de la police économique d’Antananarivo, la capitale malgache, dans l’après-midi du 23 novembre. La plainte déposée par le Groupement des exportateurs de litchis (GEL) contre Ketakandriana Rafitoson fait suite aux dénonciations de faits de corruption, de fraude et de blanchiment d’argent potentiels dans le secteur du commerce du litchi, présentées par TI-MG le 10 novembre devant le Pôle anti-corruption d’Antananarivo. 

Ces dernières années, les autorités malgaches ont renforcé les mesures répressives visant les défenseur·e·s des droits humains, les lanceurs d’alertes et les voix de l’opposition. Cela a notamment pris la forme de poursuites judiciaires contre Jeannot Randriamanana, Ravo Ramasomanana, Raleva et Clovis Razafimalala, parce qu’ils avaient mis en évidence des faits de corruption et des violations des droits humains présumés d’une grande gravité. De nombreux lanceurs d'alerte potentiels à Madagascar risquent des traitements injustes lorsqu’ils exercent leurs droits fondamentaux. La protection des défenseur·e·s des droits humains, notamment des lanceurs d'alerte, est cruciale pour tout pays aspirant à la transparence, à l’obligation de rendre des comptes et au respect des droits humains.