Inde. Acquittement du défenseur des droits humains G. N. Saibaba : face à la répression, la justice a triomphé
Réagissant à la nouvelle de l’acquittement par la haute cour de Bombay de Gokarakonda Naga Saibaba, militant et professeur à l’université de Delhi, emprisonné depuis plus de cinq ans au titre de la draconienne Loi relative à la prévention des activités illégales, Aakar Patel, président du conseil d’administration d’Amnistie Internationale Inde, a déclaré :
« L’acquittement de G. N. Saibaba ce jour est un événement à saluer : face à la répression, la justice a triomphé. Cet homme n’aurait jamais dû être emprisonné. Les autorités indiennes l’ont pris pour cible uniquement parce qu’il dénonçait la violence et la discrimination dont sont victimes les dalits et les populations indigènes en Inde.
« Les autorités indiennes utilisent régulièrement la Loi relative à la prévention des activités illégales, une loi antiterroriste aux dispositions très strictes en matière de libération sous caution, pour intimider, harceler et cibler des militant·e·s qui, comme G. N. Saibaba, sont perçus comme critiques à leur égard. Amnistie Internationale demande la libération immédiate et inconditionnelle de tous les autres défenseur·e·s des droits humains et militant·e·s qui sont maintenus en détention arbitraire uniquement pour avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté d’expression et défendu courageusement les droits des personnes marginalisées.
Les autorités indiennes doivent honorer leurs obligations internationales en matière de droits humains en offrant un environnement sûr et favorable dans lequel les défenseur·e·s des droits fondamentaux peuvent mener leurs activités sans crainte de représailles. »
Complément d'information
G. N. Saibaba a initialement été arrêté par la police en 2014 et accusé d’entretenir des liens avec des organisations maoïstes interdites. En mars 2017, il a été déclaré coupable par un tribunal de district à Gadchiroli, dans le Maharashtra, au titre de la Loi relative à la prévention des activités illégales, et condamné à la réclusion à perpétuité.
Le 14 octobre 2022, la haute cour de Bombay a acquitté G. N. Saibaba et ses cinq coaccusés dans cette affaire et a ordonné aux autorités pénitentiaires de les libérer, à moins qu’ils ne soient poursuivis dans le cadre d’autres affaires. L’un des cinq coaccusés de G. N. Saibaba, Pandu Narote, était mort en prison.
G. N. Saibaba souffre d’un handicap causé par la poliomyélite et d’autres graves problèmes de santé, notamment de troubles cardiaques. Sa santé a connu une forte détérioration, aggravée par ses conditions de détention et l’absence de soins médicaux adaptés. Il a contracté la COVID-19 à deux reprises en prison, en janvier 2021 et en février 2022.
Les tribunaux avaient rejeté à maintes reprises ses demandes de libération sous caution, y compris celles motivées par des raisons médicales.
En juin 2022, Amnistie Internationale et six autres organisations internationales de défense des droits humains avaient appelé à la libération immédiate de G. N. Saibaba dans une déclaration conjointe.