Guatemala. La prisonnière d’opinion Virginia Laparra a été condamnée à quatre ans de prison
Réagissant à la condamnation prononcée le 16 décembre 2022 contre Virginia Laparra, ancienne procureure spéciale contre l’impunité, Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques à Amnistie internationale, a déclaré :
« Cette condamnation est un nouvel exemple de la criminalisation des acteurs de la justice qui ont fait la promotion des droits humains au Guatemala. Virginia Laparra est une prisonnière d’opinion qui paie un lourd tribut pour avoir fait son travail de procureure chargée de la lutte contre la corruption et s’être engagée dans la lutte contre l’impunité. »
« Elle doit être libérée immédiatement et sans condition, et nous poursuivrons nos efforts jusqu’à sa libération. »
Le 16 décembre 2022, le Huitième tribunal traitant des affaires pénales, des infractions à la législation sur les stupéfiants et des infractions environnementales de la ville de Guatemala City a condamné Virginia Laparra à quatre ans d’emprisonnement pour des accusations d’abus de pouvoir persistants.
Le 28 novembre 2022, Amnistie internationale avait désigné l’ancienne procureure, qui était à la tête du bureau spécial du parquet contre l’impunité à Quetzaltenango entre 2016 et 2022, comme prisonnière d’opinion. L’organisation a recensé plusieurs irrégularités dans la procédure pénale qui bafouent les droits humains de Virginia Laparra, notamment son droit à une procédure régulière et à la liberté, comme l’absence d’éléments objectifs étayant les accusations portées contre elle et sa condamnation, ainsi qu’une double procédure pénale devant deux tribunaux différents pour les mêmes faits. En outre, Amnistie internationale considère que les motifs utilisés par le tribunal pour la maintenir en détention provisoire pendant ces neuf derniers mois au lieu de lui permettre de préparer sa défense en liberté sont manifestement arbitraires.
Virginia Laparra avait été arrêtée le 23 février 2022. La procédure pénale dont elle fait l’objet avait été ouverte en 2018, après qu’elle avait signalé devant l’Assemblée disciplinaire de l’appareil judiciaire les faits de corruption d’un juge de Quetzaltenango qui interféraient avec les affaires sur lesquelles il travaillait dans le cadre de ses fonctions au sein du parquet contre l’impunité. En représailles, ce même juge avait déposé deux plaintes sans fondement contre Virginia Laparra, une à Quetzaltenango et une à Guatemala City.
Amnistie internationale et d’autres organisations internationales et nationales ont mis en garde contre l’augmentation des attaques menées en réponse aux grandes réussites de la lutte contre l’impunité dans le pays et visant des acteurs de la justice travaillant sur des affaires de corruption à grande échelle et de violations des droits humains. La persécution pénale infondée contre Virginia Laparra s’inscrit dans le cadre du recours injustifié à la justice pénale pour harceler et sanctionner des juges, procureur·e·s, défenseur·e·s des droits humains et journalistes ayant joué un rôle dans cette lutte.
« Il est déplorable que des membres tant du ministère public que de l’appareil judiciaire se prêtent à ce jeu qui affaiblit l’état de droit et la protection des droits humains dans le pays. Amnistie internationale continuera d’exiger la libération de Virginia Laparra et de dénoncer les graves atteintes à l’indépendance judiciaire au Guatemala », a ajouté Erika Guevara Rosas.