Bahreïn. Un défenseur des droits humains privé de soins médicaux risque de devenir aveugle
Réagissant aux informations selon lesquelles Abdulhadi Al Khawaja, un défenseur bahreïnite des droits humains emprisonné à tort depuis 11 ans, est privé de soins médicaux, Lynn Maalouf, directrice régionale adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International, a déclaré :
« Amnesty International est très inquiète pour la santé d’Abdulhadi Al Khawaja, qui, selon sa fille, se voit refuser des soins médicaux pour un glaucome présumé qui risque de le rendre aveugle, consécutif à des blessures subies en 2011 alors qu’il était soumis à des actes de torture.
« Il s’agit de la dernière manifestation de cruauté en date des autorités bahreïnites, qui ont des antécédents de négligence médicale envers les prisonniers. La médecine carcérale à Bahreïn est marquée par des cas réguliers de refus et de retards de prise en charge ainsi que d’exercice arbitraire de l’autorité, qui, dans certains cas, relèvent de mauvais traitements intentionnels.
« Amnesty International appelle les autorités à veiller immédiatement à ce qu’Abdulhadi Al Khawaja reçoive les traitements et soins médicaux qui lui sont nécessaires, et leur rappelle que la négligence médicale peut s’apparenter à une violation du droit à la santé. »
Complément d’information
Le 16 février 2022, Abdulhadi Al Khawaja, dans la cour de la prison, a scandé des slogans pour exprimer sa solidarité avec la population palestinienne, à l’occasion de la visite à Bahreïn du Premier ministre israélien, Naftali Bennett. La fille d’Abdulhadi Al Khawaja, Maryam Al Khawaja, pense que la prise en charge médicale de son père a été interrompue en représailles à cette initiative.
Maryam Al Khawaja a également signalé que le 16 janvier, son père avait été conduit jusqu’à un hôpital pour un rendez-vous et avait dû attendre dans la voiture pendant trois heures, puis avait été ramené en prison sans avoir vu de praticien. Depuis lors, il n’a été autorisé à consulter aucun médecin.
Abdulhadi Al Khawaja fait partie d’un groupe de dirigeant·e·s et militant·e·s de l’opposition qui ont été appréhendés au printemps 2011 uniquement pour avoir pris part à des manifestations pacifiques. Lors de sa violente arrestation par les forces de sécurité, il a eu la mâchoire fracturée. De plus, il a été soumis à des actes de torture physique, psychologique et sexuelle en détention.
Onze ans après, il souffre de douleurs chroniques et a besoin d’une intervention chirurgicale. Malgré de nombreuses demandes, sa famille n’a pas eu accès à son dossier médical, qui, selon les autorités, a « disparu ».