Arabie saoudite. Dix Égyptiens nubiens encourent une peine de prison pour avoir organisé un événement
En réaction à l’annonce d’une audience au cours de laquelle 10 Égyptiens nubiens risquent d’être condamnés à des peines d’emprisonnement le 31 août, à l’issue d’un procès contraire aux règles d’équité les plus élémentaires, pour avoir organisé une cérémonie de commémoration pacifique, Diana Semaan, directrice adjointe par intérim du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnistie internationale, a déclaré :
« Après plus de deux années de détention arbitraire et un procès entaché de nombreuses violations des garanties d’une procédure régulière, les autorités saoudiennes continuent de poursuivre ces 10 Égyptiens nubiens pour avoir simplement exercé leur droit à la liberté d’expression et de réunion en organisant un événement pour leur communauté et en créant une organisation afin de représenter celle-ci.
« Ces hommes n’auraient jamais dû être arrêtés, et encore moins jugés par le Tribunal pénal spécial, juridiction antiterroriste tristement célèbre. Ils doivent être libérés immédiatement et toutes les charges retenues à leur encontre doivent être abandonnées. Certains d’entre eux sont âgés et souffrent de problèmes de santé tels que du diabète et des troubles cardiaques. Les autorités saoudiennes doivent veiller à ce qu’ils puissent accéder pleinement à des soins de santé en attendant leur libération.
« Il faut mettre fin à cette parodie de justice. Les autorités doivent également cesser de rendre passible de poursuites pénales l’exercice du droit à la liberté d’expression et d’association pacifique, notamment par les minorités ethniques telles que la communauté nubienne d’Arabie saoudite. Ces 10 hommes résident depuis longtemps dans le pays, et les autorités saoudiennes doivent respecter leur droit fondamental à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association. »
Complément d’information
Ces 10 hommes ont été arrêtés une première fois le matin d’un événement qu’ils avaient prévu d’organiser le 25 octobre 2019 pour commémorer la guerre israélo-arabe de 1973. Le 25 décembre 2019, ils ont été libérés sans inculpation, avec interdiction de quitter le territoire dans l’attente des suites de la procédure. Ils ont été de nouveau arrêtés en juillet 2020 et détenus au secret, sans pouvoir communiquer avec leur famille ni avec leurs avocats, pendant les deux premiers mois de leur détention.
Les 10 Égyptiens nubiens détenus sont : Adel Ibrahim Faqir, Farjallah Ahmed Youssef, Jamal Abdullah Masri, Mohamed Fathallah Gomaa, Sayyed Hashem Shater, Ali Gomaa Ali Bahr, Saleh Gomaa Ahmed, Abdulsalam Gomaa Ali Bahr, Abdullah Gomaa Ali et Wael Ahmed Hassan Ishaq. Tous sont membres d’associations nubiennes informelles en Arabie saoudite.
Lors de leur première audience devant le Tribunal pénal spécial, le 10 novembre 2021, ils ont rencontré leur avocat pour la première fois depuis presque 16 mois. Selon l’un de leurs proches, ils ont été inculpés pour avoir créé une association sans autorisation, manifesté de la solidarité à l’égard des Frères musulmans et publié certaines informations sur les réseaux sociaux.
Au cours de la deuxième audience, qui a eu lieu le 24 janvier 2022, l’avocat de la défense a présenté un dossier comportant des allégations indiquant que les « aveux » formulés par ces hommes avaient été obtenus sous la contrainte. Le parquet a contesté ce paragraphe et le juge a ordonné que l’avocat le modifie.
Une audience est prévue devant le Tribunal pénal spécial à Riyadh le 31 août 2022.