Amériques. La surveillance par l’armée d’organisations de la société civile met en évidence la détérioration du respect des droits humains
Les informations obtenues par le collectif Guacayama au moyen de fuites provenant de divers serveurs des forces armées de plusieurs pays de la région ont mis en évidence une surveillance des activités d’organisations de la société civile, dont Amnistie internationale, par l’armée du Mexique et du Pérou, pour l’heure, ce qui témoigne de la détérioration du respect des droits humains, a déclaré Amnistie internationale le 6 octobre.
« La surveillance indue d’organisations de la société civile que révèlent les documents obtenus par le collectif Guacamaya montre bien que les organisations qui défendent les droits humains dans les Amériques travaillent dans un contexte hostile. Les armées de pays comme le Mexique et le Pérou ont surveillé indument notre travail afin de nuire à la défense des victimes de violations des droits humains, mais ce qui nous préoccupe davantage encore, ce sont les attaques que sont susceptibles de subir les autres organisations et personnes qui défendent les droits humains partout dans la région », a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice pour les Amériques à Amnistie internationale.
« Au lieu de surveiller les activités des organisations de la société civile, l’armée et les autres autorités dans la région devraient garantir des conditions propices pour les activités de défense des droits et reconnaître l’importance du rôle qu’assument les défenseures et défenseurs des droits humains. Les activités de surveillance qui ont été révélées sont inadmissibles. Amnistie internationale les condamne fermement et exige que toute la lumière soit faite sur ces agissements. »
Au Mexique, le média Proceso a publié un document du Secrétariat de la Défense nationale contenant de multiples références aux observations d’Amnistie internationale relatives à la disparition forcée des 43 étudiants d’Ayotzinapa en 2014. Les recommandations formulées dans ce document proposent notamment d’« éviter la participation d’Amnistie internationale » à une visite des pères et mères de ces étudiants dans la caserne du 27e bataillon d’infanterie à Iguala, dans le Guerrero. Elles font aussi référence aux déclarations faites par Erika Guevara Rosas, directrice pour les Amériques à Amnistie internationale, portant sur les insuffisances de l’enquête sur l’éventuelle responsabilité des forces armées dans la disparition forcée de ces étudiants, ce qui dénote la surveillance exercée afin de dissimuler la « vérité historique » désormais démantelée.
Selon le média péruvien La Encerrona, Amnistie internationale, ainsi que des organisations péruviennes alliées comme IDL, Derechos Humanos sin Fronteras et CooperAcción, sont également mentionnées dans des documents provenant de l’armée péruvienne, qui établissent un lien entre leurs activités de défense des droits humains et les conflits sociaux à Cusco et Apurímac. Amnistie internationale n’a pas eu accès à la totalité de ces documents, mais elle considère que l’État doit protéger et garantir la défense des droits humains. Amnistie internationale a de façon répétée montré que les organisations de défense des droits humains au Pérou travaillent dans un contexte hostile marqué par une stigmatisation et une incrimination constantes.