Yémen. Les pressions impulsées par l’Arabie saoudite mettent fin au mandat du seul mécanisme international d’enquête sur les atteintes aux droits humains dans le pays
Réagissant au vote de ce jeudi 7 octobre au Conseil des droits de l’homme, au cours duquel un nombre insuffisant d’États se sont prononcés en faveur de la prolongation du mandat du Groupe d’éminents experts sur le Yémen (GEE), à la suite de pressions exercées par l’Arabie saoudite et par d’autres partenaires de la coalition qu’elle dirige, Heba Morayef, directrice régionale pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à Amnistie internationale, a déclaré :
« Ce vote revient à abandonner la population yéménite, aujourd’hui confrontée à l’une des pires crises humanitaires au monde. L'Arabie saoudite, Bahreïn, les Émirats arabes unis et d’autres membres de la coalition se sont éhontément employés à défaire le seul mécanisme international d’enquête sur le Yémen. Les pays qui ont voté contre la prolongation de son mandat ou qui se sont abstenus devraient avoir honte d’avoir abandonné le peuple yéménite pendant cette période difficile.
« Ce vote revient fondamentalement à donner le feu vert à toutes les parties au conflit pour poursuivre les atteintes flagrantes aux droits humains qui ont bouleversé la vie de millions de Yéménites ces dernières années. Supprimer le GEE ne fera pas disparaître les violations. Cela ne mettra pas fin non plus aux besoins humanitaires urgents de la population civile yéménite, aux activités des personnes et des organisations qui défendent courageusement les droits humains au Yémen, ni à notre travail pour les soutenir. Nous sommes déterminés à redoubler d’efforts afin d’obtenir justice et réparation pour les victimes de violations au Yémen, notamment en soutenant les recommandations clés du GEE sur les moyens à mettre en œuvre pour faire respecter l’obligation de rendre des comptes. Les États et les organes de l’ONU doivent faire de même. »
Complément d’information
Plus de 4 millions de personnes ont été déplacées à l'intérieur du pays au Yémen, en raison du conflit qui dure depuis sept ans. Les graves violations du droit international humanitaire, dont des crimes de guerre, et les atteintes flagrantes aux droits humains commises par toutes les parties au conflit ont contribué à la pire crise humanitaire d’origine humaine au monde. Des attaques aveugles et d’autres attaques illégales ont blessé voire tué des civils, détruisant ou endommageant des habitations civiles, des établissements médicaux et des infrastructures, entre autres sites civils. Ces attaques et les obstacles simultanément mis au déploiement de l’aide humanitaire ont amplifié la propagation de la pandémie de COVID-19 et des millions de civils doivent faire face à la maladie, à la faim et au dénuement. De plus, le pays est confronté à une menace imminente de grande famine et, en juin 2021, 16,2 millions de Yéménites étaient en situation d’insécurité alimentaire.