UE. Les « mesures exceptionnelles » normalisent la déshumanisation des personnes qui demandent l’asile
En réaction aux propositions de la Commission européenne, le 1er décembre 2021, qui permettraient à la Lettonie, la Lituanie et la Pologne de déroger aux règles de l’Union européenne (UE), notamment en détenant des personnes migrantes et demandeuses d’asile à la frontière pendant 16 semaines avec des garanties minimales, Eve Geddie, directrice du Bureau d’Amnistie internationale auprès des institutions européennes, a déclaré :
« L’arrivée de personnes migrantes aux frontières de l’UE avec le Bélarus est tout à fait gérable en appliquant les règles déjà en vigueur. Ces propositions vont sanctionner encore davantage ces personnes à des fins politiques, affaiblir les protections de l’asile et saper la réputation de l’UE en Europe et à l’étranger. Si l’UE autorise une minorité d’États membres à ne pas tenir compte des règles en raison de la présence de quelques milliers de personnes à leur frontière, elle renonce à toute autorité dont elle peut se prévaloir en matière de droits humains et d’état de droit.
« Certains pays se servent de la situation actuelle aux frontières de l’UE avec le Bélarus comme d’une excuse pour affaiblir les protections des demandeurs et demandeuses d’asile et asseoir leur programme hostile aux migrants. Détenir des personnes qui demandent l’asile pendant quatre mois, en faisant fi des normes de protection édictées par le droit international, normalise de facto la détention illégale aux frontières extérieures de l’UE.
« Les règles en matière d’asile doivent être respectées ; on ne peut autoriser certains pays à les contourner à la faveur de " mesures exceptionnelles ". Amnistie internationale craint vivement que ces propositions ne bafouent les droits des personnes migrantes et n’exacerbent la crise humanitaire aux frontières, tout en continuant d’exposer l’UE à des manœuvres de manipulation et de chantage internes et externes.
« Les mauvais traitements infligés aux personnes migrantes et demandeuses d’asile et leur instrumentalisation orchestrée par Alexandre Loukachenko sont déplorables, mais force est de constater qu’il exploite la tendance de l’UE à traiter les personnes à ses frontières comme une menace.
« Au moins 10 personnes, dont un enfant d’un an, sont mortes aux frontières orientales de l’UE ces dernières semaines. Aujourd’hui, la Commission européenne adopte des mesures qui sapent les droits et normalisent la déshumanisation et la souffrance des personnes qui se trouvent aux frontières de l’UE. »