Turquie. Osman Kavala comparaît une nouvelle fois devant les tribunaux dans le cadre du procès collectif de plus de 50 accusés
À la veille de la première audience, le 8 octobre 2021, du nouveau procès élargi du parc de Gezi, dans lequel 52 personnes, dont le défenseur des droits humains incarcéré Osman Kavala, sont inculpées entre autres de « crimes contre l’État », Massimo Moratti, directeur des recherches pour le bureau européen d’Amnistie internationale, a déclaré :
« Osman Kavala est privé de sa liberté depuis bientôt quatre ans, et pourtant il n’est reconnu coupable d’aucune infraction. Des charges infondées ont été portées à son encontre en 2017 dans le cadre d’une tentative à peine voilée de le sanctionner et d’adresser un message au reste de la société civile, à savoir que tout un chacun peut être privé de sa liberté, même sans l’ombre d’une preuve.
« Dernier épisode absurde de ce calvaire, la fusion de trois poursuites judiciaires non liées entre elles témoigne une nouvelle fois d’un mépris total envers l’équité des procès. Chaque journée qu’Osman Kavala passe derrière les barreaux est un jour où la Turquie échoue au test de l’indépendance judiciaire. Les autorités doivent le libérer immédiatement et abandonner les poursuites infondées dont lui-même et les 51 autres accusés font l’objet. »
Complément d’information
À la suite de la fusion de trois procédures judiciaires distinctes, ce procès se décompose aujourd’hui en trois groupes regroupant un total de 52 accusés. Le premier groupe englobe Osman Kavala et 15 personnes accusées dans le cadre des poursuites de 2019 relatives à l’occupation du parc de Gezi. Le deuxième groupe inclut 35 supporters de football, dont la condamnation de 2015 a été infirmée par la Cour de cassation cette année, environ six ans après leur acquittement. Le dernier accusé est l’universitaire américain Henri Barkey, inculpé d’« espionnage politique ou militaire » avec Osman Kavala dans le cadre d’une autre affaire.
En annulant l’acquittement des 35 supporters de football dans l’affaire Çarşı, la cour de cassation a ordonné la fusion de cette affaire avec celle du parc de Gezi. En 2020, Osman Kavala et huit autres accusés avaient eux aussi vu leurs condamnations annulées, mais ont ensuite été rattrapés par des accusations d’« espionnage ». Lors d’une rapide succession d’audiences au cours de l’été, le juge présidant le tribunal dans l’affaire du parc de Gezi étant temporairement nommé pour le nouveau procès de l’affaire Çarşı, la demande de fusion a été faite et approuvée par le même juge présidant le tribunal.