Turquie : Des militant·e·s de plus de 40 pays demandent l’acquittement des étudiant·e·s qui risquent trois ans de prison pour avoir célébré la marche des Fiertés
À la veille d’une décision de justice attendue le 8 octobre dans le cadre de l’affaire de 18 étudiant·e·s et d’un enseignant turcs poursuivis pour avoir pris part à la marche des fiertés en mai 2019, Nils Muižnieks, directeur pour l’Europe à Amnistie internationale, a déclaré :
« Des militant·e·s du monde entier se joignent à Amnistie internationale pour réclamer l’acquittement de 18 étudiant·e·s et d’un enseignant de l’Université technique du Moyen-Orient (ODTÜ) à Ankara. Ils encourent jusqu’à trois ans de prison pour avoir organisé une marche des fiertés totalement pacifique sur le campus en mai 2019 et pour y avoir participé, une marche que la direction de l’université avait interdite en toute illégalité.
« Il est choquant que ces jeunes gens qui célébraient l’amour et la solidarité se soient heurtés aux tirs de gaz poivre, de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes de la police. Leurs droits fondamentaux ont été piétinés ce jour-là, et ils ont ensuite été traînés devant les tribunaux pendant plus de deux ans, la menace d’être incarcérés planant au-dessus de leurs têtes.
« L’interdiction de la marche des fiertés n’était justifiée par aucun motif juridique. Ces étudiant·e·s qui l’ont bravée n’ont fait qu’exercer leur droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique, qui a été bafoué. Le 8 octobre, il ne peut y avoir qu’une seule issue juste : leur acquittement pur et simple. »
Complément d’information
Ces 19 personnes sont poursuivies pour « rassemblement illégal » et « non-dispersion malgré sommation ». Pourtant, en février 2019, la cour d'appel administrative d’Ankara avait levé l'interdiction totale de tous les événements LGBTI+ imposée à Ankara dans le cadre de l’état d’urgence. Toutefois, la direction de l’université avait invoqué cette interdiction historique comme fondement légal pour empêcher la tenue de la marche des fiertés annuelle sur le campus.
En juin 2020, une autre cour administrative d’Ankara a invalidé l’interdiction illégale de l’université, confirmant ainsi qu’elle ne reposait sur aucun fondement juridique.
Le cas des étudiants de l’Université technique du Moyen-Orient (ODTÜ) a été relayé dans le cadre de la campagne phare d’Amnistie internationale, Écrire, ça libère, en 2020. Plus de 445 000 personnes ont réclamé leur acquittement.