Il faut annuler la déclaration de culpabilité et la condamnation du défenseur des droits humains Jolovan Wham
En réaction à la déclaration de culpabilité et à la condamnation du défenseur des droits humains Jolovan Wham, à l’issue de laquelle il devra passer 22 jours en prison, Rachel Chhoa-Howard, chercheuse sur Singapour à Amnistie internationale, a déclaré :
« Cette récente déclaration de culpabilité et condamnation de Jolovan Wham est à la fois extrêmement décevante, et très prévisible.
« Au fil des années, les autorités de Singapour ont tenté à de nombreuses reprises de faire un exemple de son militantisme, afin de dissuader les Singapouriens et Singapouriennes qui oseraient critiquer le gouvernement.
« Jolovan Wham a été condamné uniquement pour avoir exercé pacifiquement ses droits fondamentaux et en raison de son travail pour mettre en lumière des problématiques comme la détention sans jugement et l’usage persistant de la peine de mort. Cette condamnation fait suite à l’arrestation récente de trois militants pour avoir manifesté pacifiquement en faveur des droits des LGBTI, dans une nouvelle tentative de la part du gouvernement pour étouffer la liberté d'expression.
« Le fait qu’il s’agisse désormais de la troisième condamnation de Jolovan Wham pour l’exercice de son droit à la liberté d'expression et de réunion est une parodie de justice et illustre à quel point le gouvernement a peur de tout ce qui se rapproche d’une contestation pacifique.
« Il faut que les autorités annulent la déclaration de culpabilité et la condamnation de Jolovan Wham et qu’il soit libéré immédiatement et sans condition. Le gouvernement singapourien doit mettre fin à sa pénalisation, son intimidation et son harcèlement des militant·e·s et défenseur·e·s des droits humains dans le pays une bonne fois pour toutes. »
Complément d’information
Le 15 février 2021, la Cour d’état a condamné Jolovan Wham à une amende de 8 000 dollars singapouriens. Il a payé une partie de son amende et purgera le reste de sa peine sous la forme de 22 jours de prison par défaut. En amont de sa condamnation, Jolovan Wham avait déclaré que bien qu’il reconnaisse les charges qui pèsent contre lui, il était contre la criminalisation des rassemblements pacifiques et que par conséquent il ne paierait pas ses amendes infligées au titre de la Loi relative à l’ordre public et de la Loi relative au vandalisme, et qu’il purgerait une peine de prison en protestation.
Sa condamnation est liée à deux rassemblements publics organisés par Jolovan Wham en 2017.
Le premier avait été organisé pour marquer le 30e anniversaire de l'« Opération Spectrum » et rendre hommage aux personnes qui avaient été arrêtées et placées en détention sans inculpation ni procès au titre de la Loi relative à la sécurité intérieure. Jolovan Wham et six autres personnes avaient tenu une manifestation silencieuse en juin 2017 dans le métro de Singapour. Il fait également l'objet d'accusations de « vandalisme » pour avoir accroché deux papiers portant des slogans à la fenêtre du métro et pour avoir refusé de signer plusieurs dépositions comme l'exigeaient les autorités singapouriennes.
L’autre infraction présumée examinée par le tribunal était une veillée en faveur de Prabagaran Srivijayan, un ressortissant malaisien condamné à mort et exécuté le 14 juillet 2017. Jolovan Wham a été poursuivi pour avoir organisé le rassemblement sans autorisation.
Il fait toujours l’objet de deux autres chefs d’inculpation de « rassemblement illégal » pour avoir manifesté seul devant l’ancien tribunal national et devant un poste de police.
Au titre de la Loi relative à l’ordre public, les accusations d'organisation de rassemblements publics sans autorisation sont passibles d'une amende pouvant atteindre 5 000 dollars singapouriens et le chef d'accusation de refus de signer une déposition est passible d'une peine pouvant aller jusqu'à trois mois d'emprisonnement et/ou d'une amende de jusqu'à 2 500 dollars singapouriens. L'infraction au titre de la Loi relative au vandalisme est passible d'une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à trois ans et d'une amende d'un maximum de 2 000 dollars singapouriens.