Royaume-Uni. Matt Hancock nommé envoyé spécial de l’ONU pour la relance en Afrique après la crise de la covid-19 : il doit s’engager fermement envers les droits humains et une reprise juste
En réaction à la nomination du député Matt Hancock au poste de représentant spécial de l’ONU pour l’innovation financière et le changement climatique pour la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique, l’accent étant mis sur le fait d’aider l’économie africaine à se remettre de la pandémie de COVID-19, Netsanet Belay, directeur de la recherche et du plaidoyer au sein d'Amnistie internationale, a déclaré :
« Il importe qu’à la faveur de cette nomination, Matt Hancock fasse preuve d’un engagement déterminé envers les principes relatifs aux droits humains si cruciaux pour une réelle reprise post-pandémie de COVID-19 en Afrique, à savoir entre autres le changement climatique, l’accès aux vaccins contre la covid-19, la réponse aux grands groupes pharmaceutiques et la proposition de dérogation à certains aspects de l'Accord sur les ADPIC.
« Quelle déception de savoir que lorsqu’il était ministre de la Santé du Royaume-Uni, Matt Hancock s’est opposé aux demandes concernant la levée des droits de propriété intellectuelle, qui permettrait la production partout dans le monde de vaccins contre la covid-19 et assurerait l’accès pour des milliards de personnes à ces vaccins susceptibles de sauver des vies.
« Depuis que la proposition de dérogation à certains aspects de l'Accord sur les ADPIC a été présentée il y a un an, proposition que le Royaume-Uni a sans cesse bloquée, 3,8 millions de personnes sont mortes de la covid-19. L’accès en temps voulu aux vaccins, aux tests et aux traitements est essentiel pour la relance de l’Afrique après la pandémie mais, chiffre scandaleux, seuls 7,4 % des habitants du continent ont reçu au moins une dose de vaccin à ce jour.
« Dans son nouveau rôle, l’ancien ministre ne saurait ignorer les répercussions de l’absence d’accès aux vaccins sur les populations en Afrique et il lui faut désormais préconiser avec détermination que le Royaume-Uni soutienne la dérogation à certains aspects de l'Accord sur les ADPIC.
« Il est également essentiel que le nouvel envoyé spécial de l’ONU délivre un message sur le changement climatique qui prenne en compte les droits humains. La semaine dernière, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a enfin reconnu le droit fondamental de bénéficier d’un environnement propre, sain et durable, et à l’approche de la COP26 qui se déroulera au Royaume-Uni le mois prochain, nous avons besoin d’une action décisive de tous les gouvernements.
« Matt Hancock doit faire clairement savoir qu’il appuie les actions audacieuses et décisives que réclame l’ONU en vue de garantir pour tous un environnement propre, sain et durable. »
Complément d’information
La nomination de Matt Hancock à la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique (CEA) intervient alors que, cette même semaine, est publié le rapport d’une commission parlementaire sur les leçons tirées de la réponse apportée par le Royaume-Uni à la pandémie de COVID-19. Tout en louant la réussite du programme de vaccination mis en œuvre dans le pays, ce rapport classe la réponse initiale face à la pandémie, notamment les décisions liées aux confinements et à la distanciation sociale, comme « l'un des échecs de santé publique les plus importants » de l'histoire du Royaume-Uni.