Un enfant de cinq ans parmi près de 100 personnes tuées par les forces de sécurité
En réaction aux informations faisant état d’au moins 91 personnes, dont un garçon de cinq ans, tuées par les forces de sécurité du Myanmar le 27 mars dans le cadre de la répression brutale des manifestations, Ming Yu Hah, directrice régionale adjointe du travail de campagne pour l’Asie du Sud-Est à Amnistie internationale, a déclaré :
« Ce n’est que le dernier exemple en date illustrant la détermination des autorités militaires à éradiquer la résistance nationale au coup d’État. Ces homicides odieux montrent une nouvelle fois le mépris éhonté des généraux à l’égard de la pression insuffisante exercée jusqu’à présent par la communauté internationale.
« Ils ont été commis au lendemain de l’annonce de l’armée selon laquelle les personnes participant à de nouvelles manifestations s’exposeraient au risque de prendre une balle dans la tête.
« Le coût de l’inaction internationale se compte en nombre de morts, y compris des enfants abattus chez eux. Derrière ce terrible bilan, ce sont plus de 50 millions d’habitants qui sont tenus en otage, soumis à des arrestations arbitraires et une surveillance généralisée, vivant dans la peur d’être tués ou torturés.
« La population du Myanmar continue de protester, bien qu’elle pleure plus de morts d’heure en heure. Les nations qui ont participé aux événements de la Journée des forces armées samedi 27 mars dans la capitale, Naypyidaw, notamment la Chine et la Russie, sont les mêmes États qui ont évité maintes fois à la tatmadaw de rendre des comptes et lui donnent les moyens de perpétrer des massacres.
« Le refus persistant des États membres du Conseil de sécurité d’agir véritablement contre cette horreur qui n’en finit pas est inacceptable. »
Complément d’information
Samedi 27 mars, les médias ont indiqué que l’armée avait tué près de 100 personnes à Yangon (ex-Rangoun), Mandalay et dans d’autres villes le jour même, dont un garçon de cinq ans. La veille, la télévision d’État avait prévenu que les manifestant·e·s s’exposaient au « risque de prendre une balle dans la tête ou dans le dos ».
Selon l’Association pour l’assistance aux prisonniers politiques de Birmanie (AAPPB), le nombre de personnes tuées depuis le coup d’État du 1er février s’élevait au moins à 328 le 26 mars.
Bien qu’un petit nombre de manifestant·e·s se soient armés avec des engins rudimentaires fabriqués par eux-mêmes tels que des cocktails Molotov, des lance-pierres et des fusils à air comprimé artisanaux, les manifestations sont restées globalement pacifiques et, dans les cas examinés par Amnistie internationale, la force meurtrière a systématiquement été employée de manière illégale et excessive par l’armée.
Dans certaines régions du pays, le conflit entre l’armée du Myanmar et les groupes armés s’intensifie. Amnistie internationale est très inquiète de la possibilité d’autres atrocités massives et de la reprise d’un conflit à grande échelle, ainsi que des déplacements massifs de population associés, qui s’ajouteraient aux quelque 300 000 personnes déjà déplacées à l’intérieur du pays actuellement.
L’organisation appelle le Conseil de sécurité des Nations unies à imposer un embargo complet sur les armes au Myanmar et à saisir la Cour pénale internationale de la situation dans ce pays.
Le Conseil de sécurité doit en outre infliger des sanctions financières ciblées au commandant en chef des armées du Myanmar, le général Min Aung Hlaing (qui dirige aujourd’hui le pays), et aux autres chefs militaires responsables de crimes atroces contre diverses minorités ethniques à travers le pays, dont les Rohingyas.
La Mission d’établissement des faits des Nations unies sur le Myanmar a précédemment demandé que le général Min Aung Hlaing et d’autres hauts responsables fassent l’objet d’enquêtes et de poursuites pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide.