Amnistie internationale dépose un nouveau recours pour faire annuler l’interdiction de voyager d’un membre de son personnel
Jeudi 18 février, Amnistie internationale a déposé un nouveau recours afin que soit levée une interdiction cruelle de voyager prononcée par les autorités israéliennes contre un membre de son personnel, Laith Abu Zeyad, chargé de campagne palestinien vivant en Cisjordanie occupée.
L’organisation a appris le 1er février 2021 que le tribunal de district de Jérusalem avait rejeté sa demande soumise en novembre 2020 en acceptant les informations secrètes fournies par la Coordination des activités gouvernementales dans les territoires (COGAT), une unité du ministère israélien de la Défense.
Laith Abu Zeyad est soumis à une interdiction de voyager par les autorités israéliennes depuis octobre 2019, pour des « raisons de sécurité » qui n’ont pas été précisées.
« Israël ne permet pas à Laith Abu Zeyad d’accéder à nos bureaux de Jérusalem-Est et lui interdit tout déplacement international pour son travail ou pour raisons personnelles depuis plus d’un an maintenant. Cette interdiction l’a empêché d’être auprès de sa mère à l’hôpital avant qu’elle meure. Il s’agit bel et bien d’une attaque ciblée révélant l’étendue des mesures que peuvent prendre les autorités israéliennes pour faire taire les personnes et organisations qui défendent les droits humains en dénonçant le traitement réservé aux Palestiniens vivant en Cisjordanie occupée, a déclaré Saleh Higazi, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnistie internationale.
« Les allégations selon lesquelles Laith Abu Zeyad présenterait un risque pour la sécurité sont totalement infondées et s’appuient sur des informations secrètes détenues par l’Agence israélienne de sécurité que ni lui, ni son avocat ne peuvent consulter. Les tribunaux israéliens ont accepté sans discuter cette situation kafkaïenne manifestement contraire aux normes d’équité des procès. Il faut que cette oppression cesse et que la communauté internationale la condamne fermement.
« Les manœuvres incessantes d’Israël visant à punir Laith Abu Zeyad pour son action en faveur des droits humains constituent une violation flagrante de ses droits. Les autorités israéliennes sont déterminées à faire obstacle à notre travail, mais elles se trompent en pensant que ce sujet va tout bonnement disparaître. Nous continuerons à contester cette interdiction absurde visant notre collègue et ami, et à dénoncer les violations des droits humains qui sont commises dans les territoires palestiniens occupés. »
Complément d’information
En septembre 2019, Laith Abu Zeyad a déposé une demande de permis humanitaire au poste de contrôle militaire d’al Zaytoona (Hazatem), près de Jérusalem, afin de pouvoir accompagner sa mère qui devait recevoir des soins médicaux à Jérusalem. Sa demande a été rejetée le jour même pour des « raisons de sécurité », sans aucune autre explication.
En décembre 2019, les autorités ont refusé qu’il rende visite à sa mère atteinte d’un cancer dans un hôpital de Jérusalem, si bien qu’il n’a pas pu la voir avant qu’elle meure.
En mai 2020, un tribunal de district de Jérusalem a examiné le recours déposé par Amnistie internationale afin que soit levée l’interdiction illégale de voyager prononcée contre Laith Abu Zeyad, mais, en retenant l’argument infondé de l’Agence israélienne de sécurité selon lequel cet homme présenterait un risque pour la sécurité, il a dans les faits approuvé sans discussion l’interdiction. Laith Abu Zeyad n’ayant pas obtenu d’autorisation spéciale de déplacement pour assister à son audience, il a été représenté par son avocat, Tamir Blank. Les éléments fournis par les autorités au tribunal pour l’accuser ont été tenus secrets et n’ont pas pu être contestés. Son avocat et les observateurs d’Amnistie internationale et de missions diplomatiques ont été priés de quitter la salle d’audience lorsque les autorités ont présenté ces informations secrètes au juge.
En juin 2018, Laith Abu Zeyad a fait partie des personnes détenues de manière arbitraire et torturées par les forces de sécurité palestiniennes, durant la répression d’une manifestation organisée par des militants palestiniens à Ramallah.