Honduras. Le parquet général doit abandonner les poursuites visant Jhony Salgado Fuentes
Erika Guevara Rosas, directrice pour la région des Amériques à Amnistie internationale, a adressé lundi 9 août une lettre ouverte au procureur général du Honduras, Oscar Fernando Chinchilla, dans laquelle elle : exprime sa préoccupation face à la situation de Jhony Salgado Fuentes, victime de détention arbitraire et d’abus de pouvoir aux mains d’éléments de la Police préventive, dans le contexte des manifestations post-électorales de 2017 ; et demande que les charges retenues contre lui soient abandonnées.
« Après avoir examiné les éléments de preuve disponibles, nous avons déterminé que Jhony Salgado n’a pas commis les actes dont il est accusé. Il a été victime de détention arbitraire et d’une persécution pénale injustifiée. Les autorités honduriennes doivent non seulement abandonner les charges retenues contre lui, mais elles doivent aussi identifier, poursuivre et sanctionner toutes les personnes ayant porté atteinte à ses droits fondamentaux », a déclaré Erika Guevara Rosas.
Amnistie internationale a décrit le cas de Jhony Salgado dans un rapport intitulé Protest prohibited: Use of force and arbitrary detentions to suppress dissent in Honduras, publié en 2018. L’organisation a conclu que les éléments sur lesquels s’appuient les accusations portées contre Jhony Salgado présentaient un certain nombre d’incohérences et d’irrégularités.
Le 21 décembre 2017, la police a soumis Jhony Salgado à une arrestation arbitraire à son domicile, où il se trouvait en compagnie de sa famille. Le ministère public a lancé des poursuites pénales contre lui, en se fondant sur des éléments de preuve fabriqués de toutes pièces par ceux qui l’ont arrêté, et l’ont accusé d’avoir porté une arme et utilisé de manière indue un uniforme de police lors d’une manifestation à laquelle il n’a même pas assisté.
Jhony Salgado a passé plus de quatre mois en détention. Il a été remis en liberté le 25 avril 2018 dans l’attente de son procès, qui doit s’ouvrir le 10 août. S’il est reconnu coupable, Jhony Salgado encourt une peine d’emprisonnement.
Le ministère public a porté plainte contre quatre policiers qui auraient commis des abus de pouvoir et une violation de domicile dans le cas de Johny Salgado, mais une magistrate a estimé qu’il n’y avait pas assez d’éléments pour donner suite et a classé l’affaire. L’avocate de la famille de Johny Salgado a fait appel de cette décision ; ce recours n’a pas encore été examiné.
Dans la lettre ouverte, Amnistie internationale exhorte le parquet à adopter les mesures qui s’imposent afin de garantir le respect des droits fondamentaux de Jhony Salgado, et notamment à :
- Garantir l’accès à la justice avec la diligence voulue, ce qui suppose que l’enquête du parquet soit indépendante, impartiale et exhaustive ;
- Garantir les droits de Jhony Salgado à la présomption d’innocence, à une procédure régulière, à la liberté et à l’intégrité physique ;
- Réexaminer immédiatement les deux affaires pénales dans lesquelles Jhony Salgado est la victime et l’accusé, et, sur cette base, abandonner les charges pénales retenues contre lui ;
- Rouvrir l’enquête pénale afin d’identifier, de poursuivre et de sanctionner les personnes responsables de son arrestation arbitraire et de la persécution judiciaire infondée dont il a fait l’objet par la suite ;
- Offrir des réparations adéquates à Jhony Salgado pour les violations des droits humains commises contre lui.