Haïti. Les États-Unis doivent mettre un terme aux expulsions et aux atteintes aux droits humains dont sont victimes les personnes haïtiennes
Les expulsions depuis les États-Unis vers Haïti, notamment dans le cadre des vols liés au Titre 42, bafouent les droits fondamentaux des personnes haïtiennes et ont donné lieu à une augmentation des expulsions d’Haïtien·ne·s depuis des pays des Amériques, alors que l’île est toujours plongée dans une crise humanitaire et des droits humains, ont déclaré Amnistie internationale, le Center for Gender & Refugee Studies, la Haitian Bridge Alliance, la Clinique pour la justice mondiale de la Faculté de droit de l’Université de New York, Refugees International, Rezo Fwotalye Jano Siksè, le Service jésuite aux migrants - Haïti, et le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR).
Dans une déclaration conjointe publiée le 15 décembre 2021, les organisations signataires mettent en avant les principaux aspects de la crise humanitaire et des droits humains en Haïti, ainsi que les éléments qui montrent que les États-Unis piétinent leurs obligations s’agissant d’évaluer de manière individualisée les demandes d’asile et de veiller à ce que nul ne soit renvoyé vers la persécution ou la torture. De nombreuses personnes haïtiennes expulsées ont débarqué des vols d'expulsion américains malades, menottées, affamées, traumatisées et désorientées pour se retrouver dans un « cauchemar humanitaire » comprenant une violence généralisée des gangs, une crise politique permanente suite à l'assassinat du président haïtien Jovenel Moïse, l'insécurité alimentaire, un système de santé « au bord de l'effondrement », la dévastation suite à un récent tremblement de terre, et le risque de contracter le coronavirus dans un pays où le taux de vaccination serait d'environ 0,4 %.
Sous couvert de santé publique, les États-Unis utilisent abusivement le Titre 42 pour procéder à des expulsions collectives et empêcher les personnes haïtiennes, entre autres, de solliciter l’asile. Cette pratique, largement critiquée par l’ONU, des experts de santé publique, des organisations de défense des droits humains et même des responsables américains, expose les personnes concernées à un risque accru de contracter la COVID-19 et alimente le racisme, la xénophobie et la discrimination dans le cadre de la politique américaine de contrôle des frontières. Le recours à la force excessive contre les immigrants et demandeurs d’asile haïtiens par des garde-frontières à cheval à Del Rio, au Texas, en septembre, a fait écho au racisme systémique inhérent au maintien de l’ordre à travers le pays.
Les organisations signataires demandent au gouvernement américain de cesser immédiatement toutes les expulsions vers Haïti, y compris celles menées en vertu du Titre 42, de mettre fin aux mauvais traitements discriminatoires infligés aux personnes haïtiennes qui immigrent et demandent l’asile, et de leur permettre d’accéder à la procédure d’asile.