États-Unis | La décision du conseil de surveillance de Facebook d’exclure Donald Trump ne résout pas la gestion désastreuse des contenus haineux et violents
À la suite du vote par le conseil de surveillance de Facebook, mercredi 5 mai, du maintien de l’interdiction faite à Donald Trump d’utiliser la plateforme après la suspension de son compte il y a quatre mois pour incitation à la violence, accompagné d’une demande à l’entreprise de réexaminer cette sanction qui a été imposée « jusqu’à nouvel ordre », Michael Kleinman, directeur de l’initiative Silicon Valley d’Amnistie internationale États-Unis, a déclaré :
« Donald Trump a encouragé à plusieurs reprises la violence et le désordre de la part de ses sympathisant·e·s à l’encontre de journalistes, de militant·e·s, de membres de communautés religieuses et d’autres personnes par le biais de ses comptes de réseaux sociaux. Bien que le conseil de surveillance ait validé la décision prise le 7 janvier par Facebook de restreindre l’accès de Donald Trump à Facebook et Instagram, il a critiqué la nature “irrégulière” et illimitée de la suspension.
« Mais surtout, cette décision ne résout aucun des problèmes fondamentaux de la gestion par Facebook des contenus haineux et violents sur sa plateforme. Les décisions du conseil de surveillance ne s’appliquent qu’à des cas précis. Il peut émettre des recommandations, mais n’a pas le pouvoir de changer l’approche globale de Facebook vis-à-vis de ces contenus, notamment son application incohérente des conditions d’utilisation à travers le monde.
« Facebook et les autres entreprises de réseaux sociaux ont un pouvoir considérable pour décider de ce qui peut et ne peut pas être dit sur leurs plateformes. Elles ont la responsabilité de protéger les personnes des contenus incitant à la violence ou à la haine sur leurs plateformes. Pourtant, le modèle économique de Facebook, fondé sur la surveillance, peut favoriser la propagation de contenus haineux et violents, qui incitent les utilisateurs à participer. Le conseil de surveillance n’a pas son mot à dire sur la manière dont les algorithmes de recommandation de Facebook fonctionnent pour reléguer ou privilégier certains contenus ou publicités, et la décision d’aujourd’hui n’y change rien.
« Nous avons depuis longtemps dépassé le stade où nous pouvions compter sur Facebook ou tout autre réseau social pour s’autoréguler. Il faut de toute urgence que les gouvernements adoptent une réglementation pour faire face aux innombrables algorithmes et à un modèle économique principal fondé sur la surveillance et le profilage, qui sont intrusifs. »
Complément d’information
Après l’assaut du Capitole, Mark Zuckerberg, le président-directeur général de Facebook, a annoncé que Donald Trump serait exclu de Facebook et d’Instagram « jusqu’à nouvel ordre » car il avait enfreint la politique de l’entreprise en utilisant ses plateformes « pour inciter à l’insurrection violente contre un gouvernement élu démocratiquement ». Le conseil de surveillance de Facebook a ensuite été saisi de son cas pour un réexamen.
Cette instance examine les recours d’utilisateurs concernant des décisions de modération de contenus prises par l’entreprise.