• 2 juin 2021
  • Canada
  • Communiqué de presse

Canada | Mettre les drapeaux en berne ne suffit pas. Les enfants autochtones méritent justice et imputabilité

La découverte des restes de 215 enfants autochtones sur le site d’un pensionnat autochtone de Kamloops en Colombie-Britannique a été un choc terrible, au Canada et ailleurs dans le monde.

Amnistie internationale pleure ces enfants, et d’autres qui ne sont jamais rentrés à la maison. Nous exprimons notre solidarité aux personnes survivantes des pensionnats autochtones, à toutes les personnes et familles des Premières Nations, inuites et métis qui pleurent leurs enfants. L’histoire est bouleversante, mais malheureusement, elle ne surprend pas. Le long trauma intergénérationnel associé aux pensionnats autochtones fait partie de l’histoire de la colonisation et des violations massives des droits humains – dont les effets se font encore sentir aujourd’hui au sein des institutions canadiennes. Le gouvernement canadien était parfaitement au fait de ces violations des droits humains – documentées depuis des années.

« Les personnes et les institutions qui se sont rendues coupables de tels crimes doivent maintenant rendre des comptes, justice doit être rendue, et la réparation doit être effective », a déclaré France-Isabelle Langlois, directrice générale d’Amnistie internationale Canada francophone.

Les enquêtes nationales, la Commission de vérité et réconciliation, les Nations unies, et les mécanismes internationaux de droits humains ont demandé à maintes reprises au Canada de se pencher sur son histoire coloniale de violations des droits humains et de rendre enfin justice aux personnes survivantes, à leurs familles et à leurs communautés. La plupart de ces recommandations sont restées lettre morte jusqu’à ce jour. Amnistie internationale presse le Canada de répondre sans délai à ces recommandations, dont les appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation et aux 231 appels à la justice de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Le Canada doit aussi mettre en œuvre rapidement la décision du Tribunal canadien des droits de la personne d’accorder un financement  équitable pour les services à l’enfance et à la famille des communautés des Premières Nations.

« D’autres investigations et fouilles doivent prendre place rapidement, afin de faire la lumière sur tous les enfants autochtones disparus, que ce soit dans le cadre de la politique des pensionnats ou des politiques plus larges, fédérale et provinciales, en matière de services sociaux », a insisté Madame Langlois.

Nous demandons aussi au gouvernement d’accélérer le processus et d’adopter le projet de loi C-15 demandant aux gouvernements – actuel et futurs – de travailler en collaboration avec les peuples autochtones pour élaborer un plan national de mise en œuvre, avec des priorités et un échéancier, permettant d’aligner les législations fédérales aux exigences de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Le projet de loi C-15 constitue le fondement qui permettra de confronter le colonialisme et de s’attaquer aux besoins urgents des peuples et des communautés autochtones.

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Pour les personnes qui aimeraient avoir du soutien en ces moments exceptionnellement difficiles, le numéro de téléphone de la ligne d’urgence de la National Indian Residential School Crisis est 1-866-925-4419. La Colombie-Britannique dispose aussi d’une ligne d’urgence (First Nations and Indigenous Crisis Line), offerte via la KUU-US Crisis Line Society, au numéro 1-800-588- 8717 (sans frais). La Ligne d'écoute d'espoir pour le mieux-être apporte une aide immédiate à tous les membres des peuples autochtones, avec des conseillers sensibilisés aux réalités culturelles au téléphone (1 855 242-3310) ou par clavardage. De l'aide est également disponible sur demande en cri, en ojibwé ou en inuktitut.