Irlande. La secrétaire générale d’Amnesty International exhorte le gouvernement irlandais à faire avancer le projet de loi sur les territoires occupés

À l’issue d’une visite de deux jours au cours de laquelle elle a rencontré le chef de l’État et le chef du gouvernement irlandais, ainsi que d’autres hauts responsables, la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, a déclaré :
« Alors que l’UE a trahi ses principes avec sa décision honteuse de ne pas suspendre l’accord d’association UE-Israël, nous félicitons l’Irlande pour ses initiatives audacieuses visant à mettre un terme au génocide perpétré par Israël contre la population palestinienne à Gaza. Le refus de l’UE de prendre des mesures pour amener Israël à rendre des comptes souligne à quel point il est nécessaire que l’Irlande et d’autres États membres partageant les mêmes idées prennent d’urgence des mesures unilatérales ou concertées pour mettre leur politique en adéquation avec le droit international, qui prime à la fois sur le droit de l’UE et sur le droit national.
« Nous demandons instamment au gouvernement irlandais de faire avancer rapidement le projet de loi sur les territoires occupés afin de montrer que lorsque l’UE n’agit pas conformément à ce qu’elle prétend être ses valeurs, des États ayant des principes, comme l’Irlande, prennent alors position. Ce projet de loi constituerait un outil puissant et extrêmement nécessaire pour la justice internationale et il doit être renforcé pour inclure l’interdiction de toutes les importations et exportations de biens et de services à destination et en provenance des colonies israéliennes situées dans le territoire palestinien illégalement occupé, ainsi que des investissements dans ces colonies.
« Malgré les propos alarmistes de certaines parties et leurs efforts visant à faire capoter le projet de loi, l’Irlande doit rester ferme dans ses convictions et dans son engagement en faveur de la justice. Ce texte ancré dans le droit international permettrait à l’Irlande de se conformer pleinement à l’avis consultatif de la Cour internationale de justice datant de juillet 2024 sur l’occupation illégale par Israël du territoire palestinien.
« L’adoption de ce projet de loi constituerait un exemple fort pour les États de l’UE, qui devraient suspendre unilatéralement toute forme de coopération avec Israël susceptible de contribuer aux graves violations du droit international perpétrées par ce pays. On ne peut pas continuer à faire comme si de rien n’était quand des Palestinien·ne·s sont affamés et massacrés alors qu’ils cherchent de l’aide ou quand ils subissent des attaques israéliennes incessantes à Gaza, ou quand ils sont tués ou déplacés de force à cause des violences commises par des colons israéliens avec le soutien de l’État israélien, des opérations militaires dévastatrices et des restrictions de mouvement étouffantes en Cisjordanie.
« Avec sa propre expérience de la colonisation, de la famine et des conflits et son rôle de premier plan dans les efforts internationaux visant à mettre fin à l’apartheid en Afrique du Sud, l’Irlande a montré à maintes reprises qu’elle peut tenir tête aux brutes et qu’elle joue dans la cour des grands dans la diplomatie mondiale. Sa position de principe sur le génocide perpétré par Israël contre la population palestinienne à Gaza constitue un nouveau jalon et une nouvelle preuve que l’Irlande ne tolérera pas la destruction de l’ordre fondé sur des règles qui a été si laborieusement construit au cours des 80 dernières années.
« Nous félicitons l’Irlande d’avoir été l’un des rares États européens à condamner fermement le génocide perpétré par Israël contre les Palestinien·ne·s à Gaza, ainsi que les autres crimes de droit international commis en Israël et dans le territoire palestinien occupé, et d’avoir courageusement appelé à une action concrète pour mettre fin aux effusions de sang et au carnage. Ce faisant, l’Irlande a joué un rôle essentiel de contrepoids face aux États qui continuent d’armer Israël, d’excuser ses atrocités et de lui assurer une impunité durable. »
Lors de la visite qu’elle a effectuée à Dublin les 16 et 17 juillet, Agnès Callamard a rencontré le président Micheal D. Higgins, le Premier ministre Micheál Martin, le Procureur général Rossa Fanning, la sénatrice Frances Black, et Liam Herrick, le commissaire principal de la Commission irlandaise des droits humains et de l’égalité, ainsi que des défenseur·e·s des droits humains et des organisations de la société civile irlandais.