Il faut des solutions sur le long terme pour que cesse la crise humanitaire persistante
Environ 2 500 personnes, dont 900 résidents du camp provisoire de Lipa, demeurent sans même un abri rudimentaire par des températures dangereusement basses en Bosnie-Herzégovine, alors que les autorités ne fournissent pas d’hébergement digne de ce nom aux migrants et aux demandeurs d’asile, et que les organes de l’Union européenne continuent de soutenir des solutions à court terme.
Dans une déclaration commune publiée mardi 12 janvier, quatre organisations de défense des droits humains de premier plan (Amnistie internationale, le Service jésuite des réfugiés, Médecins du Monde Belgique et Refugee Rights Europe) réclament une aide humanitaire immédiate face à cette urgence et des solutions institutionnelles durables pour répondre aux besoins des personnes qui transitent par le pays.
« Des logements sont disponibles pour héberger la plupart des personnes qui dorment actuellement dehors par des températures glaciales en Bosnie-Herzégovine. Il ne manque que la volonté politique pour y parvenir. Les autorités à tous les niveaux doivent immédiatement fournir des hébergements adaptés et apporter une aide aux personnes qui en ont besoin », a déclaré Eve Geddie, directrice du Bureau d’Amnistie internationale auprès des institutions européennes.
Pas de solutions à long terme malgré 88 millions d’euros d’aide européenne
L’UE a accordé plus de 88 millions d’euros d’aide à la Bosnie-Herzégovine afin de renforcer sa capacité de gestion des migrations au cours des trois dernières années. Pourtant, le pays n’a ni identifié de structures adaptées pour héberger les migrants et les demandeurs d’asile, ni assumé la pleine responsabilité de la gestion des structures existantes, ni apporté un minimum de soutien garanti aux personnes livrées à elles-mêmes sur son territoire.
« L’UE doit maintenant œuvrer avec les autorités de Bosnie-Herzégovine pour trouver des solutions systémiques sur le long terme afin de répondre aux besoins des personnes présentes dans ce pays et d’éviter que cette situation ne se reproduise l’hiver prochain, a déclaré Eve Geddie.
« La responsabilité de l’UE est évidente – la crise humanitaire actuelle est également une conséquence de sa politique de renforcement des frontières qui a laissé des milliers de personnes abandonnées à sa périphérie ou dans les pays voisins. »
Le camp de Lipa de plus en plus dangereux avec la chute des températures
Une grande partie de ces personnes en danger étaient hébergées dans un camp de fortune à Lipa, dans le nord-ouest de la Bosnie, qui a été fermé le 23 décembre. Un incendie s’est déclaré pendant la fermeture et la zone est devenue un terrain vague inhabitable. Durant le week-end, les autorités ont installé sur place plusieurs dizaines de tentes chauffées, mais près de 400 personnes restent dans des abris de fortune malgré les fortes chutes de neige et la baisse brutale des températures annoncée dans les prochains jours.
« Sans accès à l’eau courante, sans installations sanitaires adéquates ni chauffage, en plus des risques importants pour la santé et la sécurité, Lipa demeure inadapté comme site d’hébergement permanent.
En dehors de Lipa, de nombreuses personnes, dont des familles avec enfants, continuent de chercher refuge dans des parcs, des maisons abandonnées, des usines désaffectées et des forêts près de la frontière avec la Croatie. Elles ont absolument besoin d’être mises à l’abri et d’une aide humanitaire face aux dures conditions hivernales.
« En fin de compte, le soutien apporté par l’UE pour les crises humanitaires sonnera creux si elle ne change pas les politiques qui causent celles-ci. L’UE doit créer davantage de véritables possibilités pour les personnes fuyant le conflit, la persécution ou la pauvreté de rejoindre l’Europe de manière sûre et légale », a déclaré Eve Geddie.