Le viol et le meurtre d’une fillette doivent servir de catalyseur d’un véritable changement
Des centaines de manifestant·e·s sont descendus dans les rues en Sierra Leone afin de réclamer justice pour une fillette de cinq ans, violée et assassinée. Marta Colomer, directrice adjointe pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale à Amnistie internationale, a déclaré :
« La vague de colère soulevée par ce crime horrible montre que les citoyen·ne·s en Sierra Leona en ont assez de l’impunité dont jouissent les auteurs de sévices sexuels infligés à des enfants et de violences fondées sur le genre. Trop souvent, les victimes de violences sexuelles luttent pour avoir accès à la justice, à des soins de santé, à une assistance juridique et à des conseils.
« Les autorités sierra-léonaises doivent traduire en justice les responsables présumés du viol et du meurtre de cette fillette dans le cadre d’un procès équitable et adresser ainsi un message clair : les violences fondées sur le genre ne seront pas tolérées.
« Le gouvernement doit aussi engager une réforme du système judiciaire à plus long terme et assurer le financement durable des organisations qui défendent les droits des femmes et des enfants, en vue d’éradiquer les violences et les atteintes aux droits humains, et de gommer les stéréotypes néfastes liés au genre et les mythes autour des violences sexuelles. »
Complément d’information
Au cours du week-end, une vague de colère et de consternation a déferlé sur les réseaux sociaux et dans les rues de Sierra Leone, suite aux informations faisant état de la mort d’une fillette de cinq ans nommée Kadija. D’après l’autopsie, Kadija a succombé à des complications liées aux blessures qu’elle a subies lorsqu’elle a été violée.
Sa famille a révélé son nom, fourni des photos et confirmé qu’elle était morte le 17 juin. Le 21 juin, la police judiciaire a déclaré que deux personnes ont été placées en garde à vue.
Les violences sexuelles contre les femmes et les filles demeurent très répandues en Sierra Leone. Selon les statistiques de Rainbo Initiative, 3 137 et 3 695 cas d’atteintes sexuelles ont été signalés en 2018 et 2019 respectivement. Le 19 février 2019, le président Julius Maada Bio a décrété « l’urgence nationale » face aux viols et aux violences sexuelles. Cette annonce a fait suite à l'indignation croissante suscitée par une série d’affaires concernant des mineures. Le 19 juin 2019, le Parlement a révoqué cette mesure.
Le 19 septembre, il a finalement adopté un texte portant modification de la législation relative aux infractions à caractère sexuel, qui prévoit la saisine directe de la Haute Cour pour toutes les affaires d'agressions sexuelles aux fins de jugement, sans examen préalable par une juridiction inférieure pour déterminer le caractère suffisant des éléments de preuve. Aux termes de ce texte également, la peine maximale encourue par les auteurs de viol sur un·e enfant est la réclusion à perpétuité.
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