• 7 Juil 2020
  • Russie
  • Communiqué de presse

Une journaliste déclarée coupable d’accusations forgées de toutes pièces en raison de ses propos sur un attentat-suicide

En réaction aux informations parues le 6 juillet 2020 selon lesquelles un tribunal russe a infligé une lourde amende pour « justification du terrorisme » à Svetlana Prokopïeva, journaliste à Radio Liberty et contributrice à la station de radio Écho de Moscou, Natalia Zviagina, directrice du bureau d’Amnistie internationale en Russie, a déclaré :

« Invoquer la législation antiterroriste définie en termes vagues pour poursuivre en justice une journaliste en raison de ses commentaires à la radio montre clairement l’intention des autorités de réprimer la liberté d’expression et de saper encore la liberté de la presse en Russie.

« Après avoir pris le contrôle de la télévision, de la presse et récemment d’une grande partie des informations en ligne, les autorités russes engagent aujourd’hui des poursuites pour des propos diffusés à la radio et persécutent une journaliste parce qu’elle a exprimé librement ses opinions.

« Les autorités russes doivent annuler la condamnation de Svetlana Prokopïeva et veiller à ce que la loi antiterroriste ne serve pas à bâillonner les détracteurs du gouvernement, museler les débats d’intérêt public ni sanctionner les journalistes indépendants. »

Complément d’information

En novembre 2018, Svetlana Prokopïeva a participé à une émission de radio et évoqué les motifs de l’attentat-suicide perpétré au siège régional du Service fédéral de sécurité (FSB) à Arkhangelsk, dans le nord-ouest de la Russie, et dont l’auteur présumé était Mikhaïl Jlobitski, âgé de 17 ans. Dans les propos diffusés sur les ondes et repris par la suite sur Internet, elle a décrit l’attentat qui a blessé trois personnes et tué Mikhaïl Jlobitski comme une réaction à la politique répressive de l’État face aux critiques et à la suppression des manifestations pacifiques.

En février 2019, Svetlana Prokopïeva a été inculpée de « justification du terrorisme », au titre de l’article 205.2 du Code pénal russe, une infraction passible d’une peine pouvant aller jusqu’à sept ans d’emprisonnement. Le 3 juillet 2020, le procureur a requis une peine de six ans d’emprisonnement, assortie d’une interdiction d’exercer son métier de journaliste pendant quatre ans. Le 6 juillet, le juge l’a déclarée coupable de ce crime et l’a condamnée à une lourde amende de 500 000 roubles (6 160 euros environ).

 

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