• 10 Aoû 2020
  • Royaume-Uni
  • Communiqué de presse

Un nouveau test de conformité aux droits humains proposé pour les propriétaires et directeurs de clubs de Premier League

Un test approfondi de conformité aux normes internationales des droits humains a été envoyé au patron de la Premier League, Richard Masters

Actuellement, la complicité de crimes de guerre, de torture, d’esclavage ou de traite d’êtres humains ne constitue pas un obstacle pour le rachat d’un club
Cette intervention a lieu alors que l’offre d’achat saoudienne controversée pour Newcastle United vient d’être abandonnée  

« La Premier League doit de toute urgence mettre de l’ordre dans ses affaires » - Kate Allen

Amnistie internationale appelle la Premier League anglaise à améliorer son test à destination des propriétaires et directeurs potentiels de clubs et a envoyé une proposition de modèle au patron de ce championnat de football, Richard Masters.

Critiquant le test actuel, « désespérément inadapté » pour garantir un examen en bonne et due forme du bilan des acteurs essayant d’investir dans des clubs de football anglais sur le plan des droits humains, Amnistie internationale a fait élaborer un nouveau test de conformité par les avocats David Chivers et Seamus Woods du cabinet Erskine Chambers, assorti d’une analyse juridique détaillée.

De nombreux joueurs et clubs de Premier League ont récemment affiché leur soutien aux manifestations de solidarité avec le mouvement Black Lives Matter et Amnistie internationale a également félicité un grand nombre de clubs - dont beaucoup de Premier League - pour leur participation au projet Football Welcomes, qui célèbre la contribution des réfugiés dans ce sport.

Le test actuel non conforme aux normes internationales des droits humains

L’intervention d’Amnistie internationale a lieu quelques jours après que la tentative très controversée de rachat du club de football Newcastle United par un consortium d’acheteurs, parmi lesquels figurait le Fonds public d’investissement d’Arabie saoudite, a mis en lumière les problèmes de respect des droits humains entourant la propriété des clubs de Premier League. L’analyse juridique réalisée pour Amnistie internationale montre que le test actuel destiné aux propriétaires et directeurs potentiels de clubs comporte de nombreuses failles graves. Il interdit par exemple à toute personne inscrite au fichier des auteurs d’infractions sexuelles de posséder ou diriger un club, mais ne prévoit aucune interdiction pour les complices d’actes de torture, d’esclavage, de traite d’êtres humains ou même de crimes de guerre.  

L’analyse d’Amnistie internationale (intitulée « Proposed change to the Premier League Rules Owners’ and Directors’ test to address international human rights and discrimination ») souligne que l’expression « droits humains » n’apparaît même pas dans le texte du test. Pourtant, le football anglais est censé adhérer aux principes de la FIFA, dont les statuts disposent à l’article 3 : « La FIFA s’engage à respecter tous les droits de l’homme internationalement reconnus et elle mettra tout en œuvre pour promouvoir la protection de ces droits. »

Le nouveau test appelle notamment le conseil d’administration de la Premier League à vérifier si les propriétaires ou directeurs potentiels se sont rendus complices de graves violations du droit international relatif aux droits humains ou d’agissements contraires à la politique anti-discrimination du championnat.

La Premier League doit lutter contre le « sportswashing »

En avril, Amnistie internationale a écrit à Richard Masters pour lui faire part de ses préoccupations concernant le rachat de Newcastle United, en l’avertissant que l’offre faisait partie des tentatives de « sportswashing » de l’Arabie saoudite, qui investit dans le sport de haut niveau pour redorer son image et détourner l’attention de son bilan déplorable en matière de droits humains. Depuis que le prince héritier Mohammed ben Salmane est au pouvoir, l’Arabie saoudite est le théâtre d’une répression accrue. De nombreuses personnes critiques à l’égard des autorités et défendant les droits humains - notamment d’éminent·e·s militant·e·s des droits des femmes - ont été arrêtés, torturés et jugés. En octobre 2018, le journaliste Jamal Khashoggi a été tué au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul. L’ONU a déclaré que cet assassinat avait été « supervisé, planifié et réalisé par des représentants de haut rang » des autorités saoudiennes. Pour en savoir plus sur la situation des droits humains en Arabie saoudite, veuillez cliquer ici.

Amnistie internationale a souligné que, si la Premier League ne prenait pas le temps d’examiner sérieusement la situation des droits humains en Arabie saoudite en étudiant l’offre de rachat de Newcastle United, elle risquait de « se faire avoir ». Or, son test actuel à destination des propriétaires et directeurs de clubs ne prévoit pas un tel examen. Après l’échec des négociations entre Newcastle United et le consortium saoudien la semaine dernière, Amnistie internationale a déclaré que l’offre de rachat constituait une « tentative manifeste de sportswashing », les autorités saoudiennes ayant essayé de « miser sur la passion, le prestige et la fierté du football dans le Tyneside ».

La nouvelle lettre de l’organisation à Richard Masters engage le patron de la Premier League à « examiner attentivement » le modèle de test amélioré et lui propose d’organiser une réunion entre la Premier League, Amnistie internationale et maître David Chivers pour discuter de cette question.

Kate Allen, directrice d’Amnistie internationale Royaume-Uni, a déclaré :

« La controverse entourant les négociations entre Newcastle United et le consortium saoudien a été un signal d’alarme fort - la Premier League doit de toute urgence mettre de l’ordre dans ses affaires.

« Le test actuel destiné aux propriétaires et directeurs potentiels de clubs est désespérément inadapté pour examiner minutieusement qui peut posséder et diriger les clubs de football anglais. Il a besoin d’être sérieusement remanié.

« Pour l’heure, quiconque souhaitant redorer son image en investissant dans le football anglais peut le faire en sachant qu’il n’en sera même pas empêché s’il est impliqué dans des crimes de guerre ou des actes de torture.

« Le test actuel n’a tout simplement pas suivi les tendances modernes des rachats internationaux de clubs de football, en particulier celles des puissances étrangères misant sur ce sport pour redorer leur image.

« Le sport peut constituer une vraie force bénéfique, comme l’a montré l’excellent projet Football Welcomes, mais le football de haut niveau doit s’occuper de ce problème épineux de propriété des clubs. »

 

Football Welcomes

Football Welcomes est une initiative d’Amnistie internationale Royaume-Uni qui célèbre la contribution apportée à ce sport par les joueurs et joueuses ayant un parcours de réfugié·e·s, tout en mettant en avant le rôle du football et des clubs dans la création de communautés accueillantes pour les personnes réfugiées et demandeuses d’asile. Lors du week-end annuel Football Welcomes, en avril, plusieurs clubs anglais proposent des matchs ou des tournois spéciaux, offrent des billets gratuits pour des matchs et organisent des visites de stades et des rencontres avec des joueurs. En 2019, près de 180 clubs y ont participé, dont plus de la moitié des clubs de Premier League. Cet événement met également en avant le travail que font de nombreuses fondations de clubs de football pendant l’année pour accueillir des personnes réfugiées. Dans le cadre du projet de proximité de Football Welcomes, Amnistie internationale Royaume-Uni collabore étroitement avec Leicester City in the Community, l’Aston Villa Foundation, la Middlesbrough FC Foundation, la Club Doncaster Foundation et Liverpool County FA/Liverpool FC afin d’améliorer l’accueil des réfugié·e·s par la population locale.

 

Pour plus d’information, veuillez contacter :

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cducroquet@amnistie.ca | +1 438 929-5206

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