Les autorités arrêtent un employé d’une organisation de défense des droits humains en représailles à une rencontre avec des diplomates
En réaction à l’arrestation arbitraire de Mohamed Basheer, responsable administratif de l’Initiative égyptienne pour les droits de la personne (EIPR), sur la base de fausses accusations, Philip Luther, directeur des recherches et des actions de plaidoyer du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnistie internationale, a déclaré :
« En arrêtant Mohamed Basheer, membre du personnel de l’une des plus importantes organisations de défense des droits humains du pays, les autorités égyptiennes révèlent une nouvelle fois leur intolérance à tout examen de leur bilan catastrophiques en matière de droits humains et font comprendre à la communauté des droits humains en Égypte, déjà en difficulté, qu’elle reste menacée.
« Amnistie internationale condamne fermement l’arrestation et la détention de Mohamed Basheer et pense qu’il est pris pour cible uniquement en raison du travail légitime de son organisation en faveur des droits humains, notamment parce qu’il a rencontré des diplomates occidentaux. Les membres de la communauté internationale, en particulier les États dont des représentants ont participé à cette rencontre, doivent maintenant montrer qu’ils n’acceptent pas ces représailles et exhorter les autorités égyptiennes à libérer immédiatement et sans condition Mohamed Basheer, à abandonner toutes les charges pesant sur lui et à cesser de persécuter la société civile et les défenseurs des droits humains. »
Complément d’information
L’EIPR est une organisation indépendante de défense des droits humains dont le travail couvre divers droits politiques, civiques, économiques et sociaux en Égypte.
Selon Gasser Abdel-Razek, son directeur exécutif, des agents en civil des forces de sécurité ont fait irruption au domicile de Mohamed Basheer très tôt le matin dimanche 15 novembre. Ils l’ont emmené dans un bâtiment de l’Agence de sécurité nationale, où ils l’ont détenu pendant plus de 12 heures en l’interrogeant sans avocat au sujet de la visite, le 3 novembre, d’ambassadeurs et de diplomates occidentaux au bureau de l’EIPR. Il a ensuite été présenté au service du procureur général de la sûreté de l’État (SSSP), où, selon un avocat ayant assisté à son interrogatoire par des représentants du parquet, les questions se sont concentrées sur les publications de l’EIPR et l’aide juridique apportée par cette organisation aux victimes de violations des droits humains.
Mohamed Basheer a été ajouté à l’affaire n° 855/2020 de la Cour suprême de sûreté de l’État, qui concerne des enquêtes ouvertes à la suite d’accusations de terrorisme infondées contre plusieurs défenseur·e·s des droits humains et journalistes, dont Mahienour el Masry, Mohamed el Baqer, Solafa Magdy et Esraa Abdelfattah. Amnistie internationalea exposé dans un rapport l’utilisation par le SSSP du maintien prolongé en détention provisoire sur la base d’accusations sans fondement ayant trait au terrorisme pour emprisonner des opposants, des détracteurs et des défenseurs des droits humains pendant des mois, voire des années, sans procès.
Un chercheur de l’EIPR, Patrick George Zaki, demeure détenu dans l’attente des conclusions de l’enquête du SSSP pour des charges infondées de « terrorisme » depuis son arrestation en février 2020.