La nouvelle commission est une avancée considérable vers la protection des défenseur·e·s des droits humains
La création d’un nouvel organe gouvernemental chargé de protéger les défenseur·e·s des droits humains est une victoire majeure pour les droits fondamentaux en Afghanistan, a déclaré Amnistie internationale après que le président Ghani a pris un décret établissant la Commission conjointe pour la protection des défenseur·e·s des droits humains.
Cette commission, qui a été établie « dans l’objectif de renforcer la défense des droits humains, et de répondre aux préoccupations nationales et internationales liées à ces droits en Afghanistan », déterminera dans un premier temps ses priorités et élaborera un plan commun avec des organisations non gouvernementales pour la protection des défenseur·e·s des droits humains.
Cette annonce survient après une campagne de plus d’un an menée par Amnistie internationale et des organisations de la société civile en faveur de la création d’un mécanisme de protection pour les défenseur·e·s des droits humains qui sont en danger. Les défenseur·e·s des droits humains d’Afghanistan sont parmi les plus courageux du monde, et sont régulièrement victimes de menaces, d’actes d’intimidation, de manœuvres de harcèlement, de violences et même de meurtre pour avoir essayé de protéger les droits d’autrui.
« L’établissement de la Commission est une avancée tout à fait positive et nécessaire sur le terrain des droits humains en Afghanistan. Alors que les violences s’intensifient à travers le pays, que les attaques contre les défenseur·e·s des droits humains sont en hausse, et que de grandes incertitudes planent sur l’issue des négociations de paix, cet engagement arrive à point nommé », a déclaré Samira Hamidi, chargée d’action sur l’Afghanistan à Amnistie internationale.
« C’est maintenant que le véritable travail commence. Les défenseur·e·s afghans des droits humains souffrent depuis bien trop longtemps. Afin que cela ne soit pas qu’une promesse creuse, la Commission doit être pleinement soutenue par le gouvernement et atteindre ses objectifs, notamment en ce qui concerne l’établissement d’un mécanisme fournissant une protection digne de ce nom aux personnes en danger. La communauté internationale a elle aussi un rôle essentiel à jouer dans le soutien à apporter à la communauté des défenseur·e·s afghans des droits humains en cette période cruciale pour le pays. »
En janvier 2020, en étroite collaboration avec 32 organisations de défense des droits humains, Amnistie internationale a présenté la « Stratégie de protection des défenseur·e·s des droits humains d’Afghanistan ». Pensée comme une feuille de route destinée à aider le gouvernement à adopter un mécanisme de protection indépendant, concret et applicable pour les défenseur·e·s des droits humains en danger dans le pays, cette stratégie a incité le gouvernement afghan à s’engager publiquement à instaurer un mécanisme de protection efficace.
Amnistie internationale demande que le mécanisme soit établi dans les meilleurs délais, afin qu’il puisse enquêter de manière approfondie, impartiale et transparente sur les menaces et attaques visant les défenseur·e·s des droits humains et, lorsque cela est nécessaire, propose des mesures de protection adéquates pouvant inclure une relocalisation, une assistance humanitaire et un soutien psychosocial.
Complément d’information
Le décret établissant la Commission conjointe pour la protection des défenseur·e·s des droits humains peut être consulté à cette adresse. Une déclaration accompagnant le décret, émanant du second vice-président, Sarwar Danish, qui sera à la tête de la Commission, est disponible ici.
En janvier 2020, à la suite d’une campagne menée par Amnistie internationale et d’autres organisations civiles, le gouvernement afghan s’est engagé à établir un mécanisme de protection. Si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez lire ce document. Pour de plus amples informations sur les droits humains en Afghanistan, cliquez sur ce lien.
En août 2019, Amnistie internationale a publié une synthèse intitulée Defenceless defenders: Afghanistan’s human rights community under attack, qui décrit les menaces, les manœuvres de harcèlement, les actes d’intimidation, les violences et mêmes les homicides dont des défenseur·e·s des droits humains ont été victimes pour avoir effectué leur travail.