• Guinée

La Honte doit changer de camp !

Dans un contexte mondial marqué ces dernières années par le mouvement #MeToo, plusieurs campagnes de dénonciation en ligne ont aussi été lancées en Guinée par des organismes de la société civile. Néanmoins, les victimes de violences sexuelles se heurtent à plusieurs obstacles importants dont la stigmatisation sociale, un manque d’accès aux soins médicaux, ainsi qu’à un très difficile accès la justice.

En partenariat avec le bureau régional Afrique de la Fédération internationale pour la planification familiale (IPPFAR), Amnistie internationale a publié un rapport intitulé « La honte doit changer de camp : garantir les droits et la justice pour les victimes de violences sexuelles en Guinée » afin de mettre en lumière cet enjeu. Amnistie internationale Canada francophone mène une campagne pour contribuer aux efforts mondiaux afin de défendre les droits humains des filles et femmes guinéennes. 

AGIR

Le contenu de ce document peut être difficile à exposer et/ou à entendre. Cette campagne traite de sujets délicats, tels que les violences sexuelles, les violences basées sur le genre et les féminicides. 

L’ÉTENDUE DES VIOLENCES FAITES AUX FILLES ET FEMMES EN GUINÉE 

Un rapport des Nations unies de 2016 sur les violences sexuelles en Guinée rapporte que « les femmes en Guinée font l’objet de diverses formes de violence, de discrimination et d’injustice en raison de la persistance de préjugés socioculturels. Les mariages forcés et précoces, les violences conjugales, ainsi que les violences sexuelles, constituent les formes les plus récurrentes de violence envers les filles et les femmes dans le pays. »  

Depuis les récentes années, on assiste à une « libération de la parole » rendue possible par le dynamisme des organisations guinéennes de défense des droits des femmes, par la montée en puissance de l’Oprogem au sein de la police et de la Brigade spéciale de protection des personnes vulnérables (BSPPV) au sein de la gendarmerie; ainsi que par la publicité donnée à certaines condamnations.  

Néanmoins, la prise en compte de la souffrance physique et psychologique des victimes demeure un parcours d’obstacles, en raison d'un manque de  ressources financières pour des personnes de condition sociale souvent modeste. Par ailleurs, la disponibilité, la qualité et l’accessibilité du système de santé font défaut. Alors que les services devraient notamment comprendre des traitements pour les potentielles blessures liées aux violences sexuelles, les médecins spécialistes sont essentiellement présents dans la capitale Conakry, obligeant les victimes se situant en dehors de la capitale à s’en remettre à du personnel non formé. L’accès à la justice pour les victimes de violences sexuelles est parsemé d’obstacles. Certaines victimes qui portent plainte peuvent être ciblées par des menaces et des pressions, y compris au sein de leurs propres familles. Les services spécialisés de la police et de la gendarmerie, dont le professionnalisme est reconnu par de nombreux acteurs, font aussi l’objet de critiques récurrentes. 

C’est le moment d’agir

Prenez part à la campagne en signant la pétition pour dénoncer les violences sexuelles faites aux femmes et aux filles en Guinée !

sIgnez la pétition

Quelques chiffres
92%
Des femmes de 15 à 64 ans ont subi une forme quelconque de violence depuis l’âge de quinze ans en Guinée.
97%
Des filles et femmes excisées. La Guinée se tient au deuxième rang mondial concernant la prévalence des pratiques de mutilations génitales féminines.
75%
Des plaintes pour viol enregistrées par l’Office de protection du genre, de l’enfant et des mœurs (Oprogem) concernaient des mineures et près de 70% des auteurs étaient majeurs en 2020.
33%
Des viols et agressions sexuelles enregistrés l’ont été sur des victimes de moins de 13 ans en 2021.

Le contenu de la vidéo ci-dessous  peut être difficile à exposer et/ou à entendre. Cette vidéo traite de sujets délicats, tels que les violences sexuelles, les violences basées sur le genre et les féminicides. 

Viols en Guinée, la honte doit changer de camp, Amnesty International France, 2022

DÉFINITION DES VIOLENCES SEXUELLES  

La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples définit les violences sexuelles comme « tout acte de nature sexuelle non consenti, la menace ou la tentative de cet acte, ou le fait de contraindre autrui à se livrer à un tel acte sur une tierce personne ». Ces violences prennent de multiples formes tel que le harcèlement sexuel, l’agression sexuelle ou encore le mariage forcé, entre autres.

Selon les Nations Unies, la violence sexuelle et sexiste se définit comme « tout acte commis contre la volonté d’une personne et fondé sur les rôles différents que la société attribue aux hommes et aux femmes et sur des relations de pouvoir inégales. Elle comprend la menace de violence et la contrainte. Elle peut être de nature physique, émotionnelle, psychosociale et sexuelle et elle peut également s’exprimer par une privation de ressources ou d’accès à des services.»

LÉGISLATION NATIONALE ET DROIT INTERNATIONAL 

La Guinée a ratifié plusieurs instruments internationaux relatif aux droits des femmes tel que la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des Femmes en 1982, et le Protocole à la Charte africaine des droits de l'Homme et des Peuples sur les droits des femmes en Afrique (Protocole de Maputo) en 2012.  

En 2018 et 2020, le Comité des droits de l’Homme des Nations unies et le Comité des droits économiques, sociaux et culturels ont fait part, de leurs vives préoccupations s’agissant du caractère largement répandu des violences sexuelles. Les nombreux manquements de la Guinée à ses obligations internationales ne permettent pas d’affirmer aujourd’hui qu'une majorité des victimes de violences sexuelles sont dûment protégées, ni qu'une majorité des criminels sont poursuivis et jugés selon la loi.  

Au niveau national, la Guinée s’est dotée de multiples dispositions légales touchant à la problématique des droits des femmes en général, celle des violences sexuelles et des violences basées sur le genre en particulier. Ainsi en 2017, la Guinée s’est dotée d’une nouvelle Politique Nationale sur le Genre. En 2019, elle a adopté une stratégie nationale pour la promotion de l’abandon des mutilations génitales féminines et une loi sur la parité. Malgré les efforts déployés sur le renforcement du cadre juridique, la mise en œuvre effective de ces mesures et réformes reste faible en raison de l’absence de mécanismes institutionnels, d’outils opérationnels fonctionnels et du défaut de sensibilisation et d’implication de la population. 

 

NOS RECOMMENDATIONS  

Amnistie internationale appelle les autorités guinéennes à :  

• Adopter une loi générale sur la violence à l’égard des femmes et ériger en infraction toutes ses formes, conformément au droit et standards internationaux ; Réviser la définition du viol dans le droit guinéen afin que celle-ci soit basée sur l’absence de consentement  ;  

• Accélérer la mise en place effective de l’Observatoire national de lutte contre les violences basées sur le genre et lui donner les ressources et financements adéquats pour remplir sa mission ;  

• Veiller à ce que les victimes de violences sexuelles aient accès, en temps utile et sans obstacles financiers, à des soins médicaux et à des examens médico-légaux, à un soutien et à des conseils psychologiques, à une contraception d'urgence, , à un avortement sans risque et à des soins et un soutien en matière de santé maternelle ; 

• Renforcer les capacités du pouvoir judiciaire, de la police et des autres autorités chargées de l'application de la loi, ainsi que des travailleurs sociaux et sanitaires, et de tout autre fonctionnaire participant à la prévention et à la lutte contre les violences fondées sur le genre et la violence à l'égard des femmes;  

• Garantir le non-conditionnement de la réception et de la transmission des plaintes à la justice à la présentation d’un certificat médico-légal ou à une quelconque autre preuve de la perpétration d’une violence sexuelle ;  

• Mettre en place une aide juridictionnelle qui garantisse aux plaignants les plus modestes la gratuité de l’ensemble de la procédure ;  

• S’assurer que les peines prononcées correspondent à la gravité des crimes de violence sexuelle, et sont en conformité avec le code pénal ;  

• Financer et mettre en œuvre des campagnes de sensibilisation et d'éducation pour lutter contre les attitudes sociales et culturelles sous-jacentes qui discriminent les femmes et les filles et qui facilitent et perpétuent la violence à leur encontre.  

Lire le rapport  au complet

 

 

Rejoignez notre campagne pour dénoncer les viols et les violences sexuelles faites aux femmes en Guinée. 

Passez à l’action maintenant pour dénoncer les viols et les violences faites aux filles et aux femmes en Guinée !

SIGNEZ LA PÉTITION