• 21 avr 2020
  • Tanzanie
  • Communiqué de presse

Les autorités doivent cesser de s’en prendre aux journalistes qui couvrent la pandémie de COVID-19

Le 20 avril 2020, les autorités tanzaniennes ont suspendu pendant six mois Talib Ussi Hamad, journaliste au quotidien Daima, uniquement parce qu’il a écrit des articles sur la COVID-19. Il s’agit de la dernière attaque visant la liberté d’expression, l’accès à l’information et la liberté de la presse durant la pandémie.

Quelques jours avant la suspension de Talib Ussi Hamad, c’est le quotidien Mwananchi dont la licence a été suspendue, parce qu’il a publié une photo du président John Pombe Magufuli en train de faire des courses au marché, entouré par la foule, ce qui a suscité un débat en ligne sur l’approche du pays face à la crise de la COVID-19.

« L’accès à l’information est une part essentielle de la lutte contre la COVID-19. Pourtant, le gouvernement tanzanien choisit de censurer les journalistes et les médias qui traitent de l’épidémie. Ces récentes représailles sont clairement motivées par des considérations politiques : le gouvernement tanzanien se montre fort susceptible vis-à-vis de la critique, au détriment des droits et des moyens de subsistance des journalistes, a déclaré Deprose Muchena, directeur pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe à Amnistie internationale.

« Depuis quelques années, la Tanzanie se sert de plus en plus de lois répressives pour réduire au silence et sanctionner les journalistes qui font leur travail. Nous appelons les autorités à mettre fin à cette offensive contre la liberté de la presse et à cesser de faire de la loi un outil de censure et de répression. » 

Les autorités ont invoqué les dispositions de la Loi sur les services de médias, un texte restrictif, pour décréter les deux suspensions. Talib Hamad a été suspendu parce qu’il aurait évoqué le cas d’un patient atteint par la COVID-19 sans l’accord de celui-ci. Le quotidien Mwananchi a été suspendu et condamné à une amende de cinq millions de shillings tanzaniens (environ 2 000 euros) pour avoir publié la photo du président en train d’acheter le 13 avril du poisson dans son village, Chato, dans le nord-ouest de la Tanzanie, enfreignant visiblement les directives relatives à la distanciation sociale. D’après les autorités, cette photo n’était pas récente.

Trois autres médias – Star Media Tanzania Ltd, Multichoice Tanzania Ltd et Azam Digital Broadcast Ltd – ont chacun été condamnés le 2 avril à une amende du même montant et se sont vus ordonner de présenter des excuses pour « diffusion d’informations fausses et trompeuses » au sujet de l’approche choisie par le pays pour faire face à la pandémie de COVID-19.

« Les autorités doivent immédiatement lever la suspension infligée à ce journaliste et aux médias. Ils ne doivent pas être pénalisés ni sanctionnés parce qu’ils font leur travail », a déclaré Deprose Muchena.

Les médias jouent un rôle crucial pour informer la population sur la situation factuelle et les mesures prises par les gouvernements en réponse à la COVID-19. Leur capacité à travailler librement ne doit pas faire l’objet de restrictions injustifiées.

Parmi les lois invoquées ces dernières années pour museler le droit à la liberté d’expression, l’accès à l’information et la liberté de la presse, et bâillonner les voix dissidentes, citons la Loi sur les services de médias, la Réglementation sur les communications électroniques et postales (réseaux et services de diffusion numérique et autres), la Réglementation sur les communications électroniques et postales (contenus radio et télévisuels) et la Réglementation sur les communications électroniques et postales (contenus en ligne).

 

Pour plus d’information, veuillez contacter : 

Khoudia Ndiaye | Directrice des communications et stratégies 

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