Le témoignage de l’intérieur de la vice-présidente révèle l’échec de la « guerre contre la drogue »
En réaction à l’appel lancé au gouvernement par la vice-présidente des Philippines Leni Robredo, qui lui demande de revoir sa stratégie en matière de lutte contre les stupéfiants et notamment de mettre fin aux violentes opérations policières, Joanne Mariner, directrice des recherches pour l’Asie du Sud-Est à Amnistie internationale, a déclaré :
« La vice-présidente Leni Robredo décrit de l’intérieur la stratégie meurtrière du gouvernement face au fléau de la drogue. Cela démontre une nouvelle fois que le gouvernement de Rodrigo Duterte devrait aborder le problème en mettant en place des programmes de réinsertion implantés dans les communautés, au lieu de mener une politique violente marquée par les homicides extrajudiciaires.
« Le constat de Leni Robredo donne du crédit à ce qu’Amnistie internationale et d’autres ont déjà dit et répété : la " guerre contre la drogue " que mène le gouvernement est une guerre contre les pauvres marquée par des violations des droits humains et une impunité généralisée pour les policiers et autres responsables haut placés. Une autre approche est possible, fondée sur le respect des droits humains, de la vie et de la dignité humaine, et qui s’attaque aux conditions sociales favorisant la consommation et le trafic de drogues illicites.
« Le président Rodrigo Duterte doit mettre un terme à Oplan Tokhang – sa politique de guerre contre la drogue – et ouvrir des enquêtes crédibles et indépendantes sur les opérations meurtrières qui ont eu lieu, afin de rendre justice aux très nombreuses victimes d’homicides extrajudiciaires perpétrés depuis quatre ans. »
Complément d’information
Le 6 janvier 2020, la vice-présidente Leni Robredo a exposé publiquement les conclusions de son bureau au terme de sa mission de 18 jours au poste de coprésidente du Comité interinstitutionnel de lutte contre les stupéfiants (ICAD). Elle a déclaré que le gouvernement ne s’en prend qu’aux petits dealers et que les programmes de désintoxication et de réinsertion des consommateurs de stupéfiants sont inadaptés. Elle a demandé au gouvernement de mettre fin à l’opération meurtrière Oplan Tokhang (opération Knock and Plead), d’engager des poursuites contre des responsables de haut rang et d’améliorer le recueil et l’interprétation des données liées aux stupéfiants.
Leni Robredo a été nommée au Comité le 6 novembre 2019. Dans les semaines au cours desquelles elle a occupé cette fonction, elle a réclamé la transparence et l’accès aux documents et aux rapports des services de renseignement. En outre, elle a demandé au gouvernement de renoncer à la pratique abusive des listes de surveillance des trafiquants et recommandé l’adoption d’une politique fondée sur la santé. Le 24 novembre, le président Rodrigo Duterte l’a limogée.
Depuis l’arrivée au pouvoir de Rodrigo Duterte en 2016, des milliers de personnes ont été tuées dans une vague de violence cautionnée par l’État. Un grand nombre d’entre elles ont été victimes d’exécutions extrajudiciaires.
En juillet 2019, Amnistie internationale a publié un rapport intitulé “They just kill”: Ongoing extrajudicial executions and other human rights violations in the Philippines ‘war on drugs’, dans lequel elle révèle que de hauts gradés de la police qui supervisaient des opérations brutales à Manille ont été mutés dans la région de Luçon centrale pour continuer de diriger une violente campagne dans la province. Amnistie internationale considère que les homicides ont atteint un tel niveau qu’ils constituent des crimes contre l’humanité.
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