Les familles des étudiant·e·s amharas disparus craignent pour leurs proches alors que les universités ferment en raison du Covid-19
Avec la fermeture des universités en Éthiopie afin d’enrayer l’épidémie de Covid-19, Amnistie internationale prie instamment les autorités éthiopiennes de communiquer les mesures qu’elles ont prises pour porter secours aux 17 étudiants et étudiantes amharas de l’université de Dembi Dolo dans l’ouest de la région Oromia. Ces derniers ont été enlevés par des personnes non identifiées en novembre 2019 et sont depuis portés disparus.
L’angoisse des familles des étudiant·e·s est aggravée par la coupure en janvier 2020 des réseaux téléphoniques et Internet dans la partie occidentale de la région Oromia, ce qui entrave encore davantage leurs efforts pour obtenir des informations sur leurs proches disparus.
« Le sentiment de peur et d’incertitude qui se propage en Éthiopie en raison de l’épidémie de Covid-19 exacerbe l’angoisse de ces familles qui cherchent désespérément des informations sur l’endroit où se trouvent leurs proches, quatre mois après leur enlèvement » a déclaré Seif Magango, directeur adjoint pour le programme Afrique de l’Est d’Amnistie internationale.
« On peut saluer la mesure prise par les autorités éthiopiennes de fermer les universités afin de protéger la vie des étudiants, mais elles doivent aussi, de la même façon, agir concrètement pour localiser et secourir les 14 étudiantes et 3 étudiants disparus afin qu’eux aussi puissent rejoindre leurs familles. »
Amnistie internationale s’est entretenue avec plusieurs familles d’étudiant·e·s disparus, qui ont raconté comment elles se sentaient de plus en plus désespérées et impuissantes, leurs enfants étant toujours portés disparus. Ce sentiment persiste malgré une annonce du vice-Premier ministre d’Éthiopie, Demeke Mekonnen, le 31 janvier 2020, selon laquelle un groupe de travail avait été constitué pour localiser et faciliter le retour en toute sécurité des étudiant·e·s dans leur famille.
Girmanesh Yeneneh, une étudiante de biotechnologie de 3e année, figure parmi celles et ceux qui ont été enlevés en novembre 2019 ; cela s’est produit alors qu’elle rentrait chez elle. Son père Yeneneh Adunya a fait le récit suivant à Amnistie internationale :
« Nous avons envoyé nos enfants à l’université afin qu’ils puissent avoir un meilleur avenir. Maintenant nous ne savons pas où ils sont ni s’ils sont toujours vivants. Nous pleurons notre fille depuis le jour où elle nous a dit qu’elle avait été enlevée ; elle nous a dit de prier et en tant que prêtre, je me rends partout pour prier. Mais sa mère est anéantie et (devient) folle, et pas un mot du gouvernement. »
Les ravisseurs présumés avaient au début permis aux étudiant·e·s d’appeler leurs familles, mais maintenant cela fait plus de trois mois qu’elles n’ont plus eu aucune nouvelle. La dernière fois que les étudiant·e·s ont pu parler à leur famille, cela remonte au 18 décembre 2019.
« La coupure des réseaux de communication et des services dans l’ouest de l’Oromia est une violation inacceptable des droits des populations à l’information et à la liberté d’expression », a déclaré Seif Magango.
« Il faut rétablir immédiatement tous les services de communication non seulement pour que les familles des étudiant·e·s disparus puissent accéder facilement à l’information, mais aussi pour que les populations puissent obtenir des renseignements de santé publique sur l’épidémie de Covid-19. »
Les 17 étudiants et étudiantes ont été enlevés à des dates différentes au cours du mois de novembre 2019 alors qu’ils fuyaient des affrontements meurtriers opposant des étudiants universitaires des ethnies oromo et amhara.
Un des étudiants, Gebre-Silassie Mola Gebeyehu, a raconté à son oncle qu’il avait été enlevé avec quelques autres étudiants le 28 novembre par un groupe de jeunes oromos alors qu’ils étaient en route vers Gambela, après quoi ils ont été emmenés loin dans une forêt de la zone.
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