• 17 avr 2020
  • Colombie
  • Communiqué de presse

Les peuples autochtones vont mourir de la COVID-19 ou de faim si l’État ne réagit pas immédiatement

Face à la pandémie de COVID-19, l’État colombien doit prendre de toute urgence les mesures adéquates pour garantir les droits des peuples autochtones, notamment leurs droits à la santé, à l’eau et à l’alimentation, a déclaré Amnistie internationale le 17 avril. Ces mesures doivent être coordonnées avec chaque peuple autochtone, dans le respect du droit de ces peuples à l’autonomie.

Dans le cadre de l’urgence sanitaire qui a été déclarée pour cause de COVID-19 et de l’état d’urgence économique, social et écologique instauré sur tout le territoire national, le président Iván Duque a déclaré que les autorités allaient fournir de la nourriture et une aide financière aux personnes les plus vulnérables. Le ministère de l’Intérieur est chargé de fournir des aliments aux communautés autochtones, noires, raizales, palenqueras, afrocolombiennes, roms ; aux comités d'action communautaire ; aux responsables communautaires ; et aux défenseur·e·s des droits humains. 

Or, trois semaines après le début de la quarantaine imposée par les autorités, les communautés autochtones des départements de Casanare, Vichada et Meta ont indiqué à Amnistie internationale n’avoir reçu aucune aide de la part des autorités gouvernementales alors qu’elles ont strictement respecté les mesures de confinement. 

« Les peuples autochtones en Colombie sont en alerte maximale. Le gouvernement met en place dans le pays des mesures de prévention pour le COVID-19 sans garantir de façon adéquate leurs droits fondamentaux. Si historiquement elles n’ont pas eu accès à la santé, à l’eau et à l’alimentation, dans le contexte de l’actuelle pandémie, cette situation est d’une gravité exceptionnelle, car les conditions sanitaires et sociales ne leur permettent pas de faire face de façon adéquate à la COVID-19, a déclaré Fernanda Doz Costa, directrice adjointe pour les Amériques à Amnistie internationale.

« Les autorités colombiennes doivent adopter des mesures de protection sociale supplémentaires pour ces populations qui se trouvent dans une situation de grande vulnérabilité et qui sont particulièrement exposées au risque de contracter la COVID-19. Si les autorités ne prennent pas d’urgence les mesures nécessaires, les peuples autochtones vont se trouver confrontés à un choix impossible : mourir de faim ou mourir de la COVID-19. »

Jusqu’à présent, l’Organisation nationale indigène de Colombie (Organización Nacional Indígena de Colombia, ONIC) a fait état de quatre cas confirmés de COVID-19 au sein de la communauté autochtones binationale Yukpa et de la communauté indigène Pasto, et d’un cas présumé au sein de la communauté autochtone Eperara Siapidara. L’accès à des centres médicaux depuis la majeure partie des territoires de ces peuples autochtones est très coûteux en raison de leur éloignement et de leur inaccessibilité. 

L’organisation de défense des droits humains Corporación Claretiana Norman Pérez Bello a informé Amnistie internationale des difficultés qu’entraîne la quarantaine obligatoire en ce qui concerne le mode de vie et les moyens de subsistance de plus de 3 000 personnes autochtones dans les départements de Casanare, Vichada et Meta. Pour ces communautés semi-nomades, les mesures d’isolement aggravent une situation de vulnérabilité déjà marquée, car elles ne peuvent alors plus avoir accès à leurs moyens de subsistance puisqu’elles ne peuvent pas se déplacer à l’intérieur de leur territoire. De plus, il s’agit de peuples autochtones considérés comme proches de l’extinction physique et culturelle. 

Les dangers encourus sont également très préoccupants pour les peuples autochtones qui vivent à la périphérie de chefs-lieux municipaux, car ils n’ont pas la possibilité de cultiver leurs aliments, et survivent en occupant des emplois informels auxquels ils n’ont actuellement plus accès. Un grand nombre de ces communautés n’ont pas accès à l’eau potable ni à des produits d’hygiène, ce qui rend impossibles les mesures d’asepsie individuelles permettant d’empêcher la contamination à la COVID-19.

 

Colombie. Les mesures contre l’épidémie de COVID-19 ne doivent pas servir d’excuse pour négliger la protection des défenseur·e·s des droits humains (Nouvelles, 26 mars 2020) https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2020/03/colombia-medidas-contra-covid19-desatender-proteccion-personas-defensoras/

Amériques. Amnistie internationale souligne les priorités relatives aux droits humains que les États doivent inscrire dans leur réponse au COVID-19 (Nouvelles, 24 mars 2020) https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2020/03/americas-human-rights-priorities-state-responses-covid19/

L’État doit prendre des mesures adaptées pour protéger la population carcérale de l’épidémie de COVID-19 (Nouvelles, 23 mars 2020) https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2020/03/colombia-debe-proteger-poblacion-carcelaria-ante-epidemia-covid19/

 

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