Les autorités militaires doivent rompre avec les violations des droits humains caractérisant le régime d’Omar el Béchir
En réaction à l’éviction du président soudanais Omar el Béchir dans le cadre d’un coup d’État militaire après des mois de manifestations dans les rues, Kumi Naidoo, secrétaire général d’Amnistie internationale, a déclaré :
« En cette journée historique pour le Soudan, le monde doit avant tout reconnaître le courage, la créativité et la vaillance dont fait preuve le peuple soudanais en se mobilisant pour ses droits. Les événements du 11 avril devraient également servir d’avertissement pour les dirigeants du monde qui pensent pouvoir priver les populations de leurs droits fondamentaux sans en subir les conséquences.
« Toutefois, si de nombreux Soudanais se réjouissent de la chute d’Omar el Béchir et de la fin de ses 30 années d’un régime profondément répressif, nous sommes très inquiets face à la série de mesures d’urgence annoncées.
« Les autorités militaires du Soudan doivent veiller à ce que les lois d’exception ne servent pas à restreindre les droits des citoyens. Elles doivent désormais reléguer dans les livres d’histoire l’offensive contre les droits humains qui a caractérisé les 30 années du régime d’Omar el Béchir.
« Les autorités de transition doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour faciliter le transfert pacifique de pouvoir au Soudan. Cela suppose de respecter les droits à la liberté d’expression et de réunion, et de mettre fin à la période de violences meurtrières et de répression dans le pays.
« Nous ne devons pas oublier que justice n’a que trop tardé. Omar el Béchir est recherché pour certaines des plus odieuses violations des droits humains de notre génération, et il est temps qu’enfin il ait à rendre des comptes. Les autorités soudanaises doivent remettre Omar el Béchir et trois autres personnes à la Cour pénale internationale, afin que les victimes de ces crimes indicibles puissent obtenir justice.
« Les nouvelles autorités doivent aussi veiller à ce que l’obligation de rendre des comptes au niveau national pour les crimes relevant du droit international commis durant les trois dernières décennies soit une priorité du processus de transition. Tous les auteurs présumés de ces crimes doivent être traduits en justice dans le cadre de procès équitables, sans encourir la peine de mort. »