• 17 Sep 2019
  • Russie
  • Communiqué de presse

Dans un climat de plus en plus répressif, la défense des droits humains est un terrain miné

Depuis le retour de Vladimir Poutine à la présidence en 2012, les lois et politiques répressives et les représailles visant les défenseurs et les militants des droits humains ont un effet paralysant sur le travail vital en faveur de ces droits en Russie, écrit Amnistie internationale dans une nouvelle synthèse publiée le 17 septembre 2019 sous le titre Unfair Game: Persecution of Human Rights Defenders in Russia Intensifies.

« Défendre les droits humains en Russie aujourd’hui, c’est comme traverser un champ de mines. Un défenseur des droits humains doit faire face chaque jour à une nouvelle menace : qu’il s’agisse d’un passage à tabac par des assaillants " inconnus " qui ne sont jamais retrouvés, de poursuites pénales et d’une incarcération pour un crime qui n’a jamais été commis, de l’assèchement financier par le gel des comptes bancaires et les amendes exorbitantes, ou de l’attention intrusive des médias d’État qui braquent les projecteurs sur les familles », a déclaré Natalia Priloutskaïa, chercheuse sur la Russie à Amnistie internationale.

La synthèse dévoile le large éventail d’instruments employés depuis sept ans pour restreindre, entraver ou stopper le travail en faveur des droits humains en Russie, les autorités se montrant enclines à adopter de nouvelles lois restrictives, persécuter les défenseurs des droits humains et cautionner les attaques et les menaces visant les militants.

D’après la synthèse, au regard des nombreuses attaques violentes recensées, les plus ciblés sont ceux qui protègent les droits humains en Tchétchénie et les militants LGBTI en Russie. Igor Kochetkov, de Saint-Pétersbourg, dont l’ONG Réseau LGBT russe a dénoncé les crimes contre les homosexuels en Tchétchénie, a reçu des menaces de mort en janvier 2019 via une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux. À ce jour, rien n’indique que la police enquête réellement sur cette affaire.

Depuis que le responsable du bureau du Centre de défense des droits humains Memorial en Tchétchénie, Oyoub Titiev, a été incarcéré pour des accusations à caractère politique de possession de stupéfiants, il est quasiment impossible de défendre les droits fondamentaux en Tchétchénie, où de nombreux militants ont cessé leurs activités et où les derniers travaillent généralement depuis des endroits reculés. Ces restrictions ont de fortes répercussions dans le reste du Caucase du Nord.

« Nous demandons aux autorités de mettre un terme aux représailles et aux campagnes de diffamation devenues leur modus operandi et d’enquêter avec impartialité et efficacité sur toutes les violations dont sont victimes les défenseurs et les militants des droits humains. Enfin, nous les invitons à abroger les lois indûment restrictives qui sapent le travail des ONG et à s’acquitter des obligations internationales qui incombent à la Russie s’agissant de protéger ceux qui protègent les droits d’autrui », a déclaré Natalia Priloutskaïa.