Un mois après la catastrophe, il faut plus d’aide internationale pour protéger les droits des personnes
Un mois après le passage du cyclone dévastateur Idai – décrit comme l’une des pires catastrophes climatiques d’Afrique australe – au Malawi, au Mozambique et au Zimbabwe, qui a fait plus de 1 000 morts, encore bien plus de disparus et laissé des centaines de milliers de personnes sans logement, la communauté internationale doit se mobiliser davantage pour aider les victimes, a déclaré Amnistie internationale lundi 15 avril.
Le cyclone Idai a atteint le continent le 14 mars et traversé ces trois pays d’Afrique australe, où il a semé la destruction sur son passage. Le bilan global de ce phénomène météorologique n’a pas encore été établi, mais des infrastructures essentielles telles que des écoles, des hôpitaux, des routes, des installations sanitaires et des réseaux de communication ont été endommagées.
Des milliers d’hectares de cultures ont été détruits peu avant la période de récolte, ce qui laisse craindre une grave insécurité alimentaire pour les mois à venir.
« Le cyclone Idai a semé la souffrance, en entraînant un chaos encore plus grand après son passage. Les organisations humanitaires internationales et les gouvernements concernés et étrangers sont actuellement dans une course contre la montre pour sauver encore des personnes, mais il faut beaucoup plus de ressources financières et techniques pour que la population puisse accéder aux services essentiels dont elle a besoin », a déclaré Deprose Muchena, directeur d’Amnistie internationale pour l’Afrique australe.
Tandis que l’aide humanitaire dirigée par les autorités dans les trois pays touchés continue de s’accroître, il subsiste un écart massif avec le montant nécessaire pour apporter une réponse adaptée. Sur les quelque 390 millions de dollars américains qu’il faudrait, seulement 88 millions ont été débloqués.
« Il est clair que le Malawi, le Mozambique et le Zimbabwe ne peuvent pas affronter seuls les conséquences dévastatrices du cyclone. Même si la communauté internationale a envoyé de l’aide, celle-ci ne suffit pas face à la dévastation causée. Il faut impérativement fournir plus d’aide pour protéger les droits humains », a déclaré Deprose Muchena.
Plusieurs milliers de cas de choléra ont été signalés dans les trois pays depuis le cyclone Idai, ce qui a augmenté le nombre de morts, les personnes ayant bu de l’eau contaminée à la suite de perturbations des installations de traitement des eaux. Un grand nombre de malades ont été soignés et un programme de vaccination est désormais en place. Des milliers de cas de paludisme, plus que d’habitude, ont également été relevés.
« Des milliers de personnes peinent encore à satisfaire leurs besoins vitaux car elles sont confrontées aux pénuries alimentaires, aux risques sanitaires et au manque d’accès à l’eau potable en raison des dommages subis par les infrastructures. L’aide internationale doit être accrue pour éviter que la population soit privée de produits de première nécessité comme la nourriture, l’eau potable et les fournitures médicales, a déclaré Deprose Muchena.
« Cette situation montre combien les droits des personnes sont menacés et doivent être protégés de toute urgence, non seulement maintenant, mais aussi au cours des mois à venir, pendant lesquels les effets du cyclone se feront encore ressentir. »
Le cyclone Idai a été une tempête exceptionnelle par son intensité et sa durée. Ces phénomènes météorologiques extrêmes sont voués à se multiplier à cause du changement climatique, et les personnes vivant dans la pauvreté ainsi que celles qui sont marginalisées ou victimes de discrimination sont plus exposées à leurs conséquences étant donné qu’elles ont moins de ressources et d’options que les autres.
Amnistie internationale appelle par ailleurs les autorités des pays concernés et de ceux qui ont le plus de responsabilité et de moyens à agir sur les conséquences du changement climatique pour augmenter la capacité de gestion des risques de catastrophe, en accordant une attention particulière au renforcement de la résilience des personnes qui en ont le plus besoin en raison des phénomènes d’exclusion et de discrimination préexistants. Cela sera essentiel pour minimiser l’impact des catastrophes naturelles sur les droits humains.
Complément d’information
Le cyclone Idai a jusqu’à présent touché plus de cinq millions de personnes en tout au Malawi, au Mozambique et au Zimbabwe. Ces trois pays subissent régulièrement des catastrophes naturelles telles que les inondations et la sécheresse, qui ont provoqué la dévastation à de multiples reprises au fil des années.
Les enfants sont les premières victimes du cyclone. Selon le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), la vie de plus d’1,5 million d’enfants est en jeu dans les trois pays touchés.
L’UNICEF s’est déclaré « très inquiet de la propagation des maladies transmises par l’eau compte tenu des conditions actuelles, notamment des eaux stagnantes, des sources d’eau contaminées, du manque d’hygiène, des corps en décomposition et des hébergements temporaires surpeuplés. »