Les proches d’une défenseure des droits des femmes arrêtés dans le but infâme de la réduire au silence
Les autorités iraniennes ont arrêté trois membres de la famille de Masih Alinejad, une journaliste et militante iranienne bien connue qui vit actuellement aux États-Unis, en représailles pour ses activités militantes de défense des droits des femmes, a révélé Amnistie internationale le 25 septembre.
Masih Alinejad a lancé la campagne des Mercredis blancs contre la législation iranienne sur le port obligatoire du voile, et cette campagne a été largement soutenue par la population féminine en Iran ces dernières années.
Le frère de Masih Alinejad, Alireza Alinejad, ainsi que Hadi et Leila Lotfi, le frère et la sœur de son ex-mari, Max Lotfi, ont tous été arrêtés hier soir à leur domicile à Téhéran et à Babol, dans le nord du pays, par des agents du ministère du Renseignement. Tout comme Masih, Max Lotfi vit à présent à l’étranger, et il a participé à la campagne des Mercredis blancs. Hadi Lotfi a été relâché après avoir été interrogé toute la nuit au sujet des activités de Masih Alinejad et de Max Lotfi. On lui a dit que tout contact avec elle ou avec « son équipe » était considéré comme une infraction pénale. On lui a aussi dit qu’il lui était interdit de quitter Babol et qu’il serait convoqué pour un autre interrogatoire.
« Ces arrestations visent manifestement à sanctionner Masih Alinejad pour ses activités pacifiques de défense des droits des femmes. Le fait d’arrêter les proches d’une militante dans le but de l’intimider et de la réduire au silence est lâche et méprisable, a déclaré Philip Luther, directeur des recherches et des actions de plaidoyer du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnistie internationale.
« Il y a deux semaines, la mort de Sahar Khodayari, qui s’est immolée par le feu parce qu’elle a été condamnée pour avoir essayé d’entrer dans un stade de football, a bouleversé le monde et attiré l’attention sur l’odieuse manière dont sont traitées les femmes en Iran. Les arrestations d’hier soir montrent une fois de plus que les autorités iraniennes sont de façon terrifiante déterminées à éradiquer les activités militantes des femmes. Le fait qu’elles s’en prennent aux membres de la famille d’une militante montre à quel point les autorités se sentent menacées par le soutien grandissant que recueille le mouvement de défense des droits des femmes en Iran, et qu’elles sont absolument déterminées à y mettre fin.
« Au lieu de harceler et d’arrêter les proches de Masih Alinejad, les autorités iraniennes devraient libérer ces personnes immédiatement, et mettre un terme à la campagne de répression contre les femmes. »
Les autorités ont refusé de révéler où se trouvent Alireza Alinejad et Leila Lotfi et les motifs pour lesquels elles ont été arrêtées. Amnistie internationale pense qu’elles risquent d’être torturées ou soumises à d’autres mauvais traitements.
Complément d’information
Ce n’est pas la première fois que les autorités iraniennes s’en prennent à la famille de Masih Alinejad. En mars 2019, les autorités ont convoqué sa mère, Zarrin Badpa, qui est âgée, pour un interrogatoire. Elle a été interrogée pendant deux heures au sujet des activités de sa fille et cet interrogatoire a été filmé. Amnistie internationale s’est dite préoccupée par le fait que les autorités vont peut-être utiliser des déclarations qu’elle a faites sous la contrainte dans de futures vidéos de propagande, compte tenu du fait qu’elles se sont déjà livrées par le passé à ce type d’abus.
Masih Alinejad a lancé une série de campagnes de premier plan pour les droits des femmes. La campagne des Mercredis blancs encourage les femmes en Iran à protester contre le port obligatoire du voile en portant un foulard blanc tous les mercredis.