La Cour suprême porte un terrible coup à la population du Jammu-et-Cachemire en refusant de lever les restrictions
Le 13 août, la Cour suprême indienne a décidé de ne pas ordonner la levée des restrictions au Jammu-et-Cachemire, y compris le rétablissement des communications, portant ainsi un terrible coup à la population locale. Néanmoins, elle n’a pas rejeté la requête et a accepté de réévaluer la situation au bout de deux semaines, avançant des questions de sécurité. Cette décision maintient le statu quo quant aux restrictions générales imposées au Jammu-et-Cachemire.
Au huitième jour de coupure totale des communications au Jammu-et-Cachemire, Amnistie internationale Inde exprime de profondes inquiétudes au sujet des restrictions prolongées, qui concernent notamment le droit de circuler librement et les libertés d’expression et d’opinion. Cette structure demeure également préoccupée par la détention de responsables et de militants politiques, ainsi que par les atteintes à la liberté de la presse, qui empêchent les journalistes de couvrir les événements actuels et de se faire les porte-voix de la population locale.
De rares informations nous parviennent de Srinagar. En revanche, le reste de la région est coupé du monde. Le sites d’information des médias locaux ont été mis à jour pour la dernière fois le 5 août, ce qui fait craindre que des violations des droits humains soient commises mais non signalées dans la mesure où l’État indien exerce un contrôle presque total sur les informations émanant du Jammu-et-Cachemire.
Le 9 août, une poignée de médias internationaux ont fait part des violences dont ont été victimes les personnes n’ayant pas respecté le couvre-feu dans le quartier de Soura, à Srinagar, pour protester contre les lourdes restrictions en vigueur. Du gaz lacrymogène, des balles en caoutchouc et des fusils à plomb auraient été utilisés, ce que nient les autorités indiennes. Dans un rapport publié précédemment, Amnistie internationale Inde avait indiqué que ces mesures de contrôle des rassemblements au Cachemire avaient eu pour conséquences des aveuglements, des homicides et des traumatismes. Cependant, les médias locaux étant paralysés, il est difficile de connaître avec certitude le nombre de victimes, s’il y en a.
Les autorités ont certes le droit de maintenir l’ordre public mais le recours à des fusils à plomb et à d’autres armes bafoue les normes internationales relatives aux droits humains. Amnistie internationale Inde craint que la coupure prolongée des communications prive la population du Jammu-et-Cachemire du droit fondamental qu’est la liberté d’expression. L’Inde est pourtant tenue de le respecter aux termes de l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, auquel elle est partie. La détention arbitraire des responsables politiques est également une violation des droits humains et il est possible que les atteintes ne s’arrêtent pas là.
Amnistie internationale Inde exhorte l’État indien à assouplir les restrictions qui pèsent sur les moyens de communication et les médias et à libérer les responsables politiques. Une répression totale des libertés civiles ne peut qu’exacerber les tensions, isoler la population et accroître le risque de nouvelles violations des droits humains.